Automne
malade
Automne
malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre
automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux
lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombants sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule
Alcools
Kuroda
Seiki
Le
pont Mirabeau
Sous
le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne
la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les
mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne
la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour
s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne
la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent
les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne
la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les
colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs au vent dément
Le
gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Alcools
Si
je mourais là-bas
.
Si
je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleurs
Et
puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir
oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieilliras point, toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le
fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou
si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De ma jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô
mon unique amour et ma grande folie
La
nuit descend
On y pressent
Un long un long destin de sang
Guillaume
APOLLINAIRE, Ombre de mon amour,
Mai
Le
mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or
des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur
le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait un air de régiment
Le
mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux et les fleurs nues des vignes
Alcools
Automne
Dans
le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son buf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et
s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un cur que l'on brise
Oh
!l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
Alcools
Diligence
à Louveciennes
Camille Pissarro
L'adieu
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous reverrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends
Alcools
Clotilde
L'anémone
et l'ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l'amour et le dédain
Il
y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra
Les
déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux
La
blanche neige
Les
anges les anges dans le ciel
Lun est vêtu en officier
Lun est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent
Bel
officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera dun beau soleil
Dun beau soleil
Le
cuisinier plume les oies
Ah! tombe la neige
Tombe et que nai-je
Ma bien-aimée entre mes bras
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