Jules SUPERVIELLE

Les chevaux du temps

Quand les chevaux du Temps s'arrêtent à ma porte

Je ne puis m'empêcher de les regarder boire

Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.

Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant

Pendant que leurs longs traits m'emplissent de faiblesse

Et me laissent si las, si seul et décevant

Qu'une nuit passagère envahit mes paupières

Et qu'il me faut soudain refaire en moi des forces,

Pour qu'un jour, où viendrait l'attelage assoiffé,

Je puisse encore vivre et les désaltérer.

 

 

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