Biographie
Alfred
Hart, de papa flamand et de maman écossaise, est né à
Paris au 29 avenue Rapp, dans la célèbre maison de Lavirotte,
sa famille ayant dû quitter Dunkerque lors de la course à
la mer, sous la pression des troupes allemandes, après la victoire
de la Marne en 1914.
Bien vite
sa grand-mère paternelle s'installe à Nice, sur la colline
de Saint Antoine de Ginestière, là où le très
jeune Alfred fut élevé au biberon niçois et piémontais
après le décès de sa jeune maman et le remariage
de son père, avocat, installé en Angleterre.
Il fut
élevé, des plus choyées, par la famille Mogliano.
Après un court séjour au Lycée Condorcet à
Paris, il revint à Nice, au Lycée Masséna. Il y
fit ses humanités, ses études de droit et de lettres (histoire
et géographie), fréquentant l'institut juridique et la
Faculté de lettres d'Aix en Provence.
En 1942,
il monta à Paris à l'école libre de Sciences Politiques,
préparant la section financière. Diplômé,
il s'engagea dans les Forces Françaises de l'Intérieur
et participa aux combats de la Libération de Paris.
Chef de
cabinet et conseiller auprès des Ministres de l'économie
nationale, il entra comme expert financier auprès de l'Organisation
des Nations Unie, principalement comme expert en développement
économique auprès de la O.I.T. de Genève, de la
F.A.O. de Rome, tant en Afrique Noire qu'en Amérique du Sud.
Professeur extraordinaire à l'Université de Buenos Aires,
il y fonda la chaire d'administration d'entreprises. A Turin, à
l'Université crée par le Bureau International du travail,
il s'occupa de la formation économique et comptable des cadres
syndicalistes et d'entreprises au niveau national.
Appelé
au Mexique, au Pérou, en Colombie, au Brésil, de nouveau
en Argentine, comme expert régional en éducation ouvrière,
il se spécialise dans l'organisation et l'implantation de centres
de productivité à travers l'Amérique du Sud et
l'Amérique Centrale, de Ushuaia à la frontière
américaine des États Unis.
C'est au
cours de cette période, en 1963, qu'en compagnie de l'Abbé
Pierre, il fit naufrage dans le Rio de la Plata à bord du Ciudad
de Ascension. Sauvé miraculeusement des eaux, comme l'abbé
Pierre lui-même, il fit voeu d'écrire l'histoire piémontaise
et niçoise de sa famille d'adoption : les Mogliano lorsqu'il
sera dégagé de son devoir de réserve de fonctionnaire
international. Ce qu'il fit à sa rentrée en France en
écrivant successivement :
La
Porte fausse (1870-1882)
La
Ginéstière (1882-1919)
Giotta
(1919-1940)
Le
Pont du Var (1940-1950)
Près
d'un siècle s'écoule à travers cette fresque où
la vie de la famille, "La saga des Mogliano",
se mêle à l'histoire du Piémont et du Comté
de Nice, et ce à travers trois générations. On
y suit la montée de la bourgeoisie d'une famille, d'origine très
humble, vivant au Piémont, principalement à Mondovi',
à Turin, famille qui s'expatrie à Nice au moment de la
crise agricole qui suivit la création de l'Unité italienne.
La deuxième
génération devient plus niçoise, dans une Nice
en plein développement après la guerre de 1870. La tradition,
le particularisme du Comté, la vie du petit peuple en Vieille
Ville, l'installation de la famille dans les nouveaux quartiers, la
guerre de 1914-1918, vécue à Nice, l'épisode de
la guerre des Dardanelles, l'entre deux guerres, les années dite
folles sur la Côte, à Paris, la naissance de Juan les Pins,
puis la crise, le front populaire....
Dans le
quatrième livre, le Pont du Var,
c'est la guerre de 1939-1945 après l'Armistice, l'occupation
italienne, la quasi-famine à Nice et l'occupation allemande,
la vie étudiante de l'auteur à Paris. Des chapitres importants
sont réservés à la tragédie des Juifs réfugiés
à Saint Martin Vésubie, à leur exode par le col
des Fenestres, avant leur extermination par les Nazis...
Alfred
Hart, féru d'histoire du comté de Nice, est également
spécialisé dans l'histoire du Piémont du XVII siècle.
Ainsi dans
"l'Alcôve du Cardinal",
raconte-t-il, au travers de la vie mouvementée de Sylvio, les
liens qui ont uni la Maison de France et la cour savoyarde (1658-1661).
Enfin son dernier ouvrage, "Le gondolier
d'Elisheva", est un grand roman historique sur fond
de gloire et de déclin de Venise, de guerres gagnées et
perdues, de ravages de la peste, et d'une passion amoureuse entre deux
jeune gens incarnant tous les bonheurs et les malheurs de leur temps.
Madame
HART, son épouse, est artiste peintre et possède à
NICE un atelier de peinture sur porcelaine où elle enseigne son
art à un groupe d'élèves enthousiastes.
(voir
page)
Avec l'aimable
autorisation de l'Auteur Alfred HART
"
Le gondolier d'Elisheva "
Résumé
Le 18 mars
1629, Aron, l'un des membres les plus honorables de la communauté juive
de Venise, se rendait au cimetière de San Nicolo du Lido. Il s'était
promis de prier et d'annoncer à son père décédé que sa femme Rebecca
attendait un enfant. Son laissez-passer signé des cattaveri (fonctionnaires
vénitiens chargés de la surveillance du ghetto) l'autorisait à passer
quelques nuits en dehors de chez lui.
Alors
qu'il traversait la lagune Aron rêvait. Il la connaissait bien cette
mer qui l'avait aidé à consolider sa fortune. A Corfou déjà Aron s'était
initié au commerce avec les pays nordiques. Aujourd'hui sa situation
financière était florissante, mais Aron souffrait de la privation de
liberté. Dans ce trop célèbre ghetto, le premier ouvert en Europe, les
juifs étaient certes protégés, mais personne ne pouvait en sortir librement.
Fort heureusement Aron puisait dans sa foi la force de supporter toutes
les atteintes à la liberté et aux droits attachés à la personne humaine.
L'essentiel n'était-il pas en fin de compte de savoir se plier pour
mieux survivre ?
En juillet
1630 la république des doges, si riche, si puissante a ses frontières
terrestres ouvertes à l'envahisseur. Déjà Mantoue a été anéantie par
les troupes de l'empereur d'Autriche Ferdinand. Ce qui devenait très
préoccupant au ghetto c'étaient les bruits qui circulaient sur la propagation
de la peste. Des religieux fanatiques affirmaient que c'était certainement
la " colère divine " qui se manifestait à cause du dérèglement des moeurs.
Ce fut aussi l'époque où les bruits coururent que la peste venait du
ghetto.
Cette même
année Rébécca avait mis au monde un superbe bébé Elisheva.
La peste plus que jamais frappait alors que le froid redoublait. Un
jour ce fut Aron qui n'alla pas bien du tout et seulement quelques jours
plus tard il rendait son âme à Dieu. Ce fut Zanetto, le gondolier ami
de la famille qui découvrit le drame.
Le corps
d'Aron n'était déjà plus là. Celui de Rebecca, dénudé, apparemment sans
trace de la peste, gisait à terre, près du lit. Dans l'appartement tout
avait été fouillé, détruit. Seule Elisheva gémissait dans son berceau.
Sans réfléchir une seconde Zanetto enroula l'enfant dans la couverture
du berceau, l'emporta, le sauva. Il s'était promis de ne rien révéler
sur ses origines.
C'est
à Francesca, qu'il avait aussitôt pensé. Celle-ci était la chambrière
de la comtesse Forner, et n'avait pas d'enfant. Huit jours après Elisheva
était baptisée et reconnue fille légitime des époux Antonio et Francesca
Cappello. Désormais elle s'appellerait Angelina.
Octobre
1641. Plus de douze ans se sont écoulés depuis le terrible fléau. La
Sérénissime a pansé ses plaies et repris son faste habituel. Antonio
est Vice-protto des maîtres charpentier chargés de la construction des
galères qui assurent la puissance navale de Venise. Angelina partage
une vie commune avec Loretta, la fille de la comtesse, enfant à la santé
délicate.
Mars 1644.
Venise est en fête. Chez la comtesse Caterina Forner un grand bal a
lieu. Le cavalier qui danse avec Angelina n'a que vingt ans à avouer.
Il s'appelle Guglielmo Peri. Malgré son âge il est déjà à la tête d'un
bataillon d'une centaine d'hommes.
Le jour
de l'Ascension, alors qu'elles assistent à la grande fête des épousailles
du doge avec la mer, Loretta a un malaise. On décide aussitôt que les
jeunes filles iront passer l'été à Cittadella où l'air est réputé comme
le plus salubre d'Italie. Mais le bonheur à la campagne est de courte
durée. Un jour, à la suite d'un refroidissement, Loretta se met à tousser
et à cracher le sang. Les médecins sont formels : Loretta est atteinte
de phtisie. Malgré les soins prodigués elle s'éteint le 8 septembre
de la même année. Elle n'a que dix neuf ans !
L'année
suivante la guerre avec les Ottomans fut déclarée. Antonio embarqua,
en grand équipage, pour rejoindre l'immense flotte qui devait se rendre
en Crète. Un sentiment très fort unit maintenant Angelina et le jeune
capitaine Guglielmo Peri que les bruits de la guerre ne font que renforcer.
Plus d'un
an s'est écoulé. Angelina a épousé son capitaine et une fille est née
:Laura. Antonio est maintenant à Corfou et écrit à sa femme pour qu'elle
le rejoigne dans cette " île des roses ". A bord du solide bateau qui
l'emmène vers son mari Francesca fait la connaissance de Rebecca Hoffmann,
la femme d'un important commerçant juif.
Les deux
femmes se lient d'amitié et découvrent vite que toutes les deux, au
fond, adorent le même Dieu dont elles sont au même titre, mais avec
des rites différents, les créatures respectueuses.
Pour les
fêtes de Noël 1646, toute la famille est réunie au palais Forner. Ne
manque qu'Antonio, toujours retenu en Crète. Francesca depuis son retour
est malade. Un jour elle a la surprise de recevoir la visite de Rebecca
qui est venue annoncer la mort presque certaine d'Antonio. Décès héroïque
au combat de Zéa. Pour Francesca la maladie reprend très vite le dessus
jusqu'au jour où son coeur la lâche.
Le devoir,
devenu sacré, pour la comtesse, est donc de révéler à Angelina, maintenant
que ses parents adoptifs sont morts, la vérité sur sa naissance. La
nouvelle est terrible. Sur le moment la jeune femme demeure comme hagarde,
elle ne semble pas comprendre. C'est comme si un monde s'écroulait devant
elle. Lorsqu'elle fut remise de ses émotions Angelina fit promettre
à la comtesse de ne révéler l'origine de sa naissance à personne.
En ce début
d'année 1649, sur le Canalazzo, Antonio est né. Lauretta a maintenant
un petit frère.
Le temps
s'est encore écoulé. Angelina a maintenant trente huit ans. La comtesse
Forner est décédée et Angelina est devenue sa légataire universelle.
Elle se sent bien seule ! Ses enfants sont partis, son mari est toujours
en Crète, à Candie. La ville est assiégée par les Turcs depuis plus
de vingt ans. Tous les efforts pour la préserver auront été vains et
le 6 septembre 1669 Venise doit capituler. Elle vient de perdre avec
la Crète la maîtrise de la Méditerranée orientale. Les nouvelles de
Francesco cessent d'arriver. On raconte que le convoi vénitien a fait
naufrage sur les côtes de Morée. Angelina qui ne peut croire à la mort
de son mari continue d'espérer qu'il est toujours en vie et se promet
de le retrouver.
Le Lion
de Saint Marc est sérieusement blessé. Une vieille mendiante, aux Esclavons,
raconte qu'une nuit sans lune, elle a vu son Lion, repliant ses ailes,
se coucher et se lécher ses pattes aux griffes émoussées…
.
Commentaires
Nicole
Laffont (Nice-Matin du 26 mars 2000) |
"Lumineux,
coloré, fragile comme un lustre de Murano. Imposant, fascinant,
érodé par l'eau comme un palais se mirant dans le Grand
Canal. Le destin de Venise, fait de gloire et de déclin, de fastes
et de souffrances, de morale rigide et de débordements sensuels,
sert de toile de fond au dernier roman d'Alfred Hart.
Une fresque
qui entraîne le lecteur dans les images vivantes d'un passé
insoupçonné. Alfred Hart, une fois de plus, excelle en
tant qu'historien sensible et nuancé. A travers les émois
d'une petite fille juive miraculeusement sauvée de l'épidémie
de peste qui emporta ses parents dans le Ghetto, le romancier ressuscite
la Venise du XVIIe siècle, raconte ses déboires, les guerres
gagnées et perdues, le prestige revendiqué et menacé,
l'agitation marchande, la passion et le libertinage, la douceur de l'aurore
sur la lagune, la vie simple et rude des grands domaines terriens.
Un roman
captivant par sa vivacité et son charme. Le lecteur est pris
malgré lui dans les filets de ces êtres dont la vie ne
tient qu'à un fil. On imagine volontiers cette histoire portée
à l'écran.
Mais il
y a plus que la simple adhésion à un livre qui parvient
à nous faire rêver. Décoller du réel, c'est
la base pour lire un roman d'un trait. Comprendre les idées fortes
qui s'infiltrent entre les lignes, c'est se dire que ce livre a une
raison d'être supplémentaire. L'histoire de cette petite
Elisheva baptisée Angelina par sa famille d'adoption, une famille
de notables respectés, fortunés, lettrés, va plus
loin que l'anecdote, point de départ de la fiction.
Alfred
Hart dont on connaît la sensibilité humaniste, dont on
relit avec émotion les chapitres consacrés dans son quatrième
livre Le pont du Var, à la tragédie des Juifs réfugiés
durant la seconde guerre mondiale à Saint-Martin Vésubie,
contraints de franchir le col des Fenêtres pour tenter de fuir
les nazis, nous livre un message essentiel. Les frontière entre
les êtres sont édifiées par des imposteurs assoiffés
de pouvoir. Rien ne justifie la distance, l'incompréhension,
le rejet.
"Les
deux femmes se lient d'amitié et découvrent vite que toutes les deux,
au fond, adorent le même Dieu dont elles sont au même titre, mais avec
des rites différents, les créatures respectueuses."
Et c'est
ainsi que dans ce roman historique on réalise combien les êtres
sont semblables dans leurs passions et leurs tragédies, leurs
espoirs et leurs angoisses. La petite Elisheva donne, malgré
elle une belle leçon d'humanité."
Christian
LEONI - Journal de la Corse - Vendredi 14 avril 2000 |
"Membre
du corps diplomatique, auteur préalable de "La
saga des Mogliano" et de "l'Alcôve
du Cardinal", Alfred Hart, actuellement installé
à Nice, se lance à travers cet ouvrage, dans une entreprise
à la fois passionnante et périlleuse : le roman historique.
Difficile pour le lecteur, de faire la part de ce qui appartient effectivement
à l'histoire et de ce qui relève de l'imagination créatrice
aussi succinctement, on en développera l'équation en retenant
que l'Histoire a fourni le décor et les événements
guerriers, l'imagination ayant sans doute, pour ce qui la concerne fait
phosphorer des sentiments qui, de gondoles en Palais des Doges et plus
tard jusqu'en Crète, reflètent les soubresauts d'une âme
à la fois tourmentée et généreuse, tant
elle est systématiquement, tournée vers l'autre. Mais
la trame amoureuse n'est en aucune manière réductrice.
L'hommage rendu aux régiments corses apparaît particulièrement
chaleureux et probablement mérité car ils sont intervenus
dans un contexte qui laissait peu de place à l'improvisation
et au manque de bravoure.
Nous sommes
en effet à Venise, du temps de sa splendeur, mais pas pour longtemps.
Car Venise, écrasée de bonheur, a tendance à s'endormir
et comme si ce n'était pas assez, la peste décime la ville.
Seulement voilà : Elisheva, elle, y échappe miraculeusement
et presque ingratement puisqu'aucun serment des Magnifiques Anciens
n'y sera prononcé.
Simplement,
Elisheva, devenue Angelina, certes belle, mais sans pour autant atteindre
la grâce d'une homonyme cathodique actuelle, Elisheva ou Angelina
donc, sera adoptée par l'une des anciennes familles locales.
C'est le moment où elle tombera amoureuse du beau Francesco Gugliemi,
officier des régiments corses, éconduit par la papauté
mais défendant tout de même avec bravoure Venise contre
les Ottomans. Elle aura donc pu constater et même vivre de l'intérieur
que la vie est souvent constituée d'une chaîne ininterrompue
de passions et de tragédies.
En fait,
ce livre en tous points captivant a des allures de fresque où
l'émotion et l'histoire s'entremêlent sans s'entrechoquer
: on est au coeur de l'agitation marchande, mais l'amour, lui, ne se
négocie pas. C'est un ouvrage clair où alternent les joies
et les souffrances, une morale inflexible et quelques facéties
sensuelles. Cependant, sous le couvert du roman sont véhiculées
des idées force et des jugements sans appel face à certains
fléaux où la balance tient d'héroïsme. C'est
ainsi que la sensibilité d'Alfred Hart le conduit à énoncer
que "Les frontières entre les êtres sont édictées
par des imposteurs assoiffés de pouvoir, alors que rien ne justifie
la distance, l'incompréhension, le rejet".
Finalement,
"Le gondolier d'Elisheva"
devient un roman vivifiant dans la mesure où il abolit même
les divergences religieuses. Rébecca et Francesca se rendent
compte qu'elles adorent le même Dieu, la moralité de l'histoire
étant sans doute que sur la planète en dépit de
leurs multiples différences, les êtres sont semblables,
du moins pour ce qui est de leur capacité à aimer, quels
que soient le décor et les circonstances de la vie.
Il n'est
pas inutile, sans doute de préciser aussi que ce livre est dédié
à la famille Peri, du village du même nom, famille à
laquelle Alfred Hart voue ce qu'il appelle "un amour filial
et familial" toujours teinté d'humanisme.
Décidément,
"Le gondolier d'Elisheva"
mérite bien de figurer en place d'honneur dans toute bonne bibliothèque,
loin des plus hauts rayons, car la poussière surdimensionne le
temps et lui fait perdre ce qu'il peut y avoir d'absolument humain."
La
Tribune Républicaine - Jeudi 24 février 2000 |
"Vient
de paraître, aux éditions Jean-Claude Lattès, "Le
gondolier d'Elisheva". Ce roman est signé d'Alfred
Hart. Voilà un nom et un homme, voilà un écrivain
qui est connu de nombreux Bellegardiens qui ont eu le plaisir de le
rencontrer, de le fréquenter, ou (et) qui ont déjà
lu ses livres précédents et ont apprécié
la substance puisée à d'authentiques sources historiques,
ainsi que le style. En effet, Alfred Hart, du temps où il exerçait
des fonctions diplomatiques, à Genève, au sein d'organismes
de l'ONU, a vécu des années durant à Bellegarde
puisqu'il avait épousé la fille aînée de
Julien Pinet. Tous deux coulent aujourd'hui à Nice une paisible
retraite qu'Alfred Hart met à profit pour se livrer à
sa passion de l'histoire et de l'écriture.
Rappelons
qu'Alfred Hart est l'auteur de la saga en quatre tomes des Mogliano,
une famille dont les destinées se sont trouvées de 1868
à 1950 à la croisée de l'histoire du Piémont
et du comté de Nice - "La porte
fausse", "La Ginestière",
"Giotta", "Le
pont du Var" - ; et de "L'Alcôve
du Cardinal".
"Le
gondolier d'Elisheva" est de la même veine. C'est
aussi un grand roman historique. Mais dans un autre cadre et à
la fin du XVIIe siècle. Tout se passe à Venise, à
une période où la cité des Doges semble s'endormir
sous le poids de sa splendeur et sombre inexorablement, un déclin
accéléré par la grande peste de 1630, puis par
la perte de l'île de Candie, la lointaine et merveilleuse Crête
conquise par les Ottomans.
Là
où se joue le sort d'une petite fille juive, née Elisheva
dans une famille aisée du ghetto de Venise. Sauvée par
son gondolier des ravages de la peste, elle est adoptée par une
famille de notables vénitiens. Devenue une jeune chrétienne
baptisée Angelina, elle participera alors à la vie fastueuse
de la "Sérénissime". Elle tombera amoureuse
d'un jeune colonel corse commandant un régiment de mercenaires
à la solde des Doges de Venise, et connaîtra à son
tour les drames de la séparation et de la guerre. Malgré
tout, elle gardera l'espoir de revoir son Francesco, disparu en mer
au cours de la retraite des Vénitiens qui venaient d'évacuer
Candie. Son amour sera-t-il le plus fort ?
La trame
de ce roman d'amour se tisse au long des jours de cette Venise du XVIIe
siècle, la période des derniers feux de sa grandeur, puis
de sa décadence. Elle est donc faite des multiples événements
de la vie quotidienne, des multiples occupations et loisirs de la population
; ceux du petit peuple, des juifs du ghetto, des pêcheurs, des
marchands, des marins, et aussi des bourgeois et des nobles. Venise,
dont la puissance est bien entamée, change de visage et de destin
; elle se prépare à devenir cette ville posée sur
l'eau, unique au monde, non seulement par sa situation et son urbanisme,
mais aussi par son art de vivre et ses traditions, et elle a conservé
toute son aura romantique, à en juger par la foule des visiteurs
et des touristes qui s'y pressent, en quête du dépaysement
et le coeur plein de nostalgie...
"Le
gondolier d'Elisheva", c'est une fresque particulièrement
colorée et romanesque, où les émotions et les sentiments
s'expriment avec force et s'inscrivent dans un contexte historique fidèlement
reconstitué...
La
saga des Mogliano
Cette saga
est issue d'un ensemble de quatre livres retraçant au fil des
jours et des événements imposés par la grande histoire,
de 1880 à 1945, le destin et l'ascension sociale d'une famille
piémontaise, les Mogliano, aux origines modestes et ayant émigré
à Nice au début de la Belle Époque.
Issue des
amours d'un ouvrier bourrelier, Eligio, et d'une superbe fille d'aubergiste,
Agnès, la "Casa Mogliano" est ainsi devenue une des
familles bourgeoises les plus en vue et une des plus représentatives
de ce qu'a été la vie traditionnelle si riche de particularités
dans l'ancien Comté de Nice.
Le récit
de cette saga permet également, à travers les péripéties
et les aventures de la vie courante que traversent les membres de la
famille, de suivre l'histoire de la ville et de sa région, son
évolution d'avant et après les deux guerres, marquant
ainsi les étapes de la transformation de Nice en grande métropole
touristique et culturelle.
Alfred
Hart a obtenu le Grand Prix Littéraire de la ville de Nice "L'Aigle
d'Or" pour l'ensemble de son oeuvre.
"La
porte fausse"
Résumé
La Porte
Fausse, à Nice, c'est le passage entre la vieille ville étroite
et sale, où vivent les travailleurs immigrés du XIXe siècle,
les Piémontais, et la nouvelle ville, avec son boulevard qui
n'est pas encore "des Anglais", les beaux hôtels, le
Casino.
Premier
livre de la saga, publié chez Maren
Sell, il raconte la vie d'Agnès, superbe rousse aux
yeux verts, dont la vie commence et finit comme un conte de fées.
Après bien de soubresauts, la fille de l'aubergiste devient la
compagne adorée d'un richissime hôtelier suisse ....
Agnès,
belle, intelligente, obstinée, se libère de son couple,
de sa médiocrité. Elle franchit la Porte Fausse. Et c'est
ainsi que l'auteur laisse entrevoir pour son héroïne, un
destin aussi flamboyant que sa chevelure.
Dans sa
jeunesse, au Piémont, elle a épousé Eligio, un
jeune homme dont le modeste rêve était d'être patron
cocher de fiacre. Avec lui, elle aura deux enfants, Catherine et François,
et connaîtra une double vie partagée entre sa tendresse
pour les siens et ses aspirations à une vie différente
convenant mieux à ses goûts.
Le parcours
du jeune couple fait revivre l'histoire de deux grandes ville - Turin
et Nice - dont les passés communs dans le duché, puis
royaume, du Piémont, ont été séparés
par la naissance du royaume d'Italie. Turin, ville jadis royale, perd
son rôle de capitale et Nice devient une des villes les plus importantes
de France.
Saga d'une
famille déracinée, écartelée entre les ambitions
de la trop jolie jeune femme et les blocages du mari, malade, perdu,
inadaptable à cette nouvelle langue, à cette époque
frivole qui l'effraie, attaché qu'il est à des valeurs
sûres : la maison, les enfants, la cuisine du pays.
Autour
d'Agnès et Eligio, le monde bascule : mort de Gambetta, coup
d'État du général Boulanger, épidémie
mortelle d'influenza, construction du chemin de fer qui ruine le voiturier
Eligio.
On y découvre
aussi, tour à tour, us et coutumes d'autrefois, atmosphère
de chevaux et de cuir, vendanges villageoises, vie du petit peuple industrieux
de Turin, commerçants du Vieux Nice, aux ruelles d'ombre et de
lumière, parfumées des senteurs de la célèbre
cuisine et les nouveaux quartiers aux villas somptueuses, aux jardins
de rêve, aux beaux hôtels, aux riches hivernants.
Carnavals,
bals, fêtes brillantes pour les uns y alternent avec la dureté
des temps pour les autres....
Extraits
du dossier de presse
Libération
- mercredi 10 septembre 1986 |
"Il
monte de ce livre une odeur de chevaux et de poivrons grillés,
un parfum de femmes à la toilette et de meringues au zabaione,un
bruit de grelots et de pluie sur les capotes de cuir, des refrains de
Donizetti et des silences de neige.
Une fiction
réelle, où l'histoire vraie d'une ascension sociale -
bien sûr - s'appuie sur une étude de l'émigration
piémontaise et du "boom" de la Riviera, de la misère
et des cercles dorés, de la qualité d'une avoine et d'un
taffetas, de la maigreur des salaires et de la farce onctueuse des véritables
raviolis (ne pas manquer la recette, p. 165).
Héros
et héroïne existèrent vraiment : Eligio était
une "tête verte" de Moncucco, quitté à
dix-neuf ans par la patache de Turin. Agnès la rousse de Mondovi',
bourgade célèbre pour ses baci, baisers de chocolat.
Avec son fouet de micocoulier et ses attelages aux crins brillants,
il représente, en cette fin de siècle, l'attachement au
passé. Tendue vers les cristaux des villes, les courses et les
bals, elle tremble d'avenir. Comment franchir la Porte fausse, cette
poterne qui séparait à Nice la vieille ville obscure du
nouveau monde de la place Masséna et des grands hôtels
cramoisis ? Agnès Agnès se sauva, avec ses yeux ouverts
pour fortune. "
Le
Progrès - Lundi 27 octobre 1986 -
|
"Eligio,
petit bourrelier, quitte son village natal de Moncucco à 19 ans
en caressant le rêve de devenir cocher propriétaire à
Turin. Son amour pour les chevaux l'enferme délibérément
dans un monde passéiste. Par son attitude, de si faible ambition,
il se ferme la porte de la révolution industrielle qui se prépare.
Sa rencontre avec la simple et belle Agnès est un choc. De leur
désir de s'exiler à Nice pour réussir leur vie,
à l'image de nombreux Piémontais qui ont tenté
le même parcours, pourrait naître leur vrai et premier grand
départ. L'intelligence et l'obstination à réussir
d'Agnès, sont à la hauteur de son "utile" beauté.
De ce fait elle connaîtra une vie constellée de cercles
bourgeois dorés et de toilettes. En franchissant définitivement
la "Fausse porte", symbole de la fracture entre un monde de
misère et un autre nouveau plein de luminosité et de richesses,
elle pourra désormais vivre sa vie avec éclat.
La "Porte
fausse", publié chez Maren Selle & Cie, est
certainement un livre riche et souple qui nous plonge au coeur même
de la vie piémontaise et niçoise de cette fin du XIXe
siècle. L'auteur nous révèle alors les moeurs,
la condition humaine, la pratique religieuse et réalise une immense
chronique de l'époque. Son étude sociologique et ethnographique
est remarquable de précision et de détails à la
manière de celles de Zola.
Pour celui-ci
violence des mots et des situations traduisant souvent la déchéance
humaine. Dans la "Porte Fausse" de Hart se sont substitués
simplicité du propos, chaleur et aussi douceur des images. Et
c'est sur fond de sentiments généreux que sont dépeintes
pauvreté et vie dorée et facile "bourgeoisie".
Alfred Hart aura réussi au travers de son livre à faire
une entrée remarquée et spectaculaire dans le monde de
la littérature. Un travail d'écrivain d'un très
grand savoir faire."
René
VIGO - L'Actualité Littéraire - 16 septembre 1986 - |
"L'action
minutieusement conduite dans une langue chaleureuse, avec un sens inné
du petit détail vrai, utilement significatif se déroule
d'abord en Italie du Nord. On s'attache à Eligio d'origine paysanne,
blondeur lumineuse, finesse râblée, regard brun serti de
noir. L'adolescent veut être bourrelier puis cocher.
On suit
Eligio à Turin, chez les Casale, dans une odeur de cuir et de
crins. La forge, le magasin, la patronne, une belle femme bien plantée
au visage de Florentine du Quattrocento, sont traités avec un
réalisme conquérant qui crée le climat, l'authenticité.
On devine
que la captivante Maria au sourire éclatant va entraîner
Eligio dans une singulière aventure. Dans le souvenir de cette
fille étrange, flottent la pâleur et les yeux éperdus
de sa soeur Rosina dont le sang s'écoulait, sans remède
pour avoir charnellement aimé. Maria existe, se dérobe,
entretien la frustration du mâle, triche, promet une folle soirée
la veille de son mariage avec un autre. Astucieuse Maria qui tient parole
d'une certaine manière et laisse le garçon à la
fois comblé et déçu, si loin des maisons aux toits
rouges et du moulin à huile de son bourg natal !
Un travail
sérieux, accompli dans le tourbillon de la vie, et quelques aventures
occupent l'existence d'Eligio. De jeunes femmes illustrent une éducation
sentimentale : Giulietta impudique et frigide, Dorina, en mal d'enfants.
Dans un bal champêtre, Eligio ressent le coup de foudre pour Agnès,
splendide rousse aux immenses yeux verts, et il sait qu'elle est la
femme de sa vie. Ambitieuse, Agnès impose des conditions. Eligio
cède et, rompt avec Catlina, veuve appétissante mais possessive.
On est
haletant. Avec les jours, Eligio subvient à peine aux besoins
d'Agnès devenue coquette sous l'influence de Pippa, si jolie,
d'Agnès qui s'attarde volontiers dans l'atelier de Roberto, un
artiste peintre. D'autres rencontres la troublent. Curieuse Agnès
! Elle affiche sa jeunesse moqueuse et sa drôlerie, à la
faveur d'une double existence.
La mélancolie
naturelle d'Eligio vire au gris. Ses nuits crèvent comme des
bulles de savon. Il passe néanmoins de la table au lit avec l'aguichante
Clorinda, tandis qu'Agnès songe à Alfredo. Au couple tourmenté
par des orages, Nice offre l'atmosphère tumultueuse des attelages
chez Maiffret et sa rue Cassini où des hommes suivent "la
belle rousse"...
Agnès
couve son deuxième petit. On déménage. Un bal costumé
s'ouvre sur une atmosphère froufroutante et parfumée.
Jean Wagner surgit, bouleverse Agnès. Eligio glisse doucement
vers l'oubli de tout. Une main secourable se tend vers Agnès....
Roman solide,
chargé de joies et de larmes. On attend avec intérêt
les nouvelle intrigues d'une Agnès meurtrie, exigeante et belle."
"La
porte fausse" a obtenu le "Prix littéraire des lectrice
de Elle".
"La
Ginestière"
Résumé
Dans le
second livre, édité chez Maren
Sell & Cie, l'amour et la fortune sont au rendez-vous.
Agnès, veuve d'Eligio, est maintenant la maîtresse d'un
richissime hôtelier suisse, Jean Wagner, homme de goût et
de culture. Elle connaît d'abord les fastes du palace de la Maloya,
où le Gotha se côtoie dans les neiges de l'Egandine, non
loin des promenades chères à Nietzsche, au bord du lac
de Silz. Trop méditerranéenne pour s'y plaire, Agnès
préfère retourner à Nice où Jean s'installe
somptueusement et vient l'y rejoindre à la fin de la saison pour
y passer l'hiver.
Profondément
amoureux, Jean voudrait l'épouser mais ne le peut pas. Marié
à une femme devenue folle et internée en Suisse, la loi
ne lui permet pas de divorcer. Le caractère entier d'Agnès
s'accommode mal de cette situation. Laissée seule à nouveau
pour une nouvelle saison, et malgré son amour pour Jean, Agnès
s'étourdit et vit à grandes guides : Monaco, roulette
folle, amitiés russes, tables tournantes, pertes au jeu, amours
coupables.... Jean, généreux, intelligent et compréhensif,
pardonne. La tempête passée vient la joie de l'achat d'une
superbe maison de campagne sur les collines niçoises, "La
Ginestière", où l'âme de la famille s'épanouit
dans un art de vivre et un bonheur total. Musique, jardinage, lectures,
cuisine - joies simples ou raffinées -, les enfants grandissent
et s'épanouissent dans un enchantement permanent.
Après
l'inoubliable Exposition Universelle de 1900, François, le fils,
devient carabin au Quartier Latin. Il y découvre le progrès
et la fraternité maçonnique. Catherine, musicienne de
premier ordre, s'éprend d'un violoncelliste virtuose, Fred, qui
sera l'unique homme de sa vie...
Mariage
de François, devenu chirurgien-dentiste à Nice, avec une
lorraine, moderne et émancipée, qui s'intègre mal
à la famille.... Naissance d'une fille, Giotta, qui remplit de
gaieté "La Ginestière"...
La guerre
de 14 pulvérise à jamais ces bonheurs tranquilles et cette
manière de vivre. Après la victoire, la fortune de Jean
s'est évanouie, le mariage de François disloqué...
Il faut réapprendre à vivre. La famille ébranlée
se reforme, la vie reprend, autrement....
Extraits
du dossier de presse
S.L.
- Reims - L'UNION - 28 mars 1988 - |
"Ce
second livre, édité chez Maren Sell & Cie, retrace
dans le détail la rapide mutation sociale d'une femme magnifique,
gaie, amusante, et qui restera profondément attachée à
ses racines populaires. L'histoire d'Agnès, c'est aussi celle
de son fils François et de Nina sa fille, et surtout d'une époque,
la fin du XIXe siècle, décrite avec une minutie qui force
l'admiration.
Au-delà
de cette histoire, cette fresque romanesque est l'aboutissement d'un
formidable travail de recherche réalisé par l'auteur.
Fasciné par la vie d'Agnès, devenue l'amie fidèle
de sa grand-mère, Alfred Hart avait toujours caressé l'espoir
de retracer avec fidélité son histoire ainsi que celle
de ses enfants. Il aura fallu six ans de recherches pour retrouver toutes
les archives, les courriers, pour voyager sur les lieux mêmes
que fréquentèrent en leur temps Agnès, Jean et
les autres. Aucun détail ne manque. Les anecdotes sont authentiques
et l'histoire est superbe tant par sa précision que par ses rebondissements.
Le haut fonctionnaire s'est lancé dans l'écriture avec
une incontestable réussite. Il vous répondra que, de son
expérience de secrétaire de Roger Martin du Gard, il a
retenu la méthode de travail et le goût pour l'écriture
qui lui sont aujourd'hui bien utiles."
Geneviève
Van Lede - Le Méridional - 28 février 1988 - |
"L'époque
: nous assistons aux derniers soubresaut d'une Europe qui se meurt lentement.
Le cadre : un temps révolu, Nice durant la Belle Époque.
Il monte de cet ouvrage des odeurs de chevaux et de cuisine italienne,
d'agréables parfums de fleurs et de mer. Nissa La Bella vibre
aux martèlements des sabots sur les vieux pavés de la
ville, au rythme des fêtes endiablées organisées
par les gens du gotha et des folles soirées du casino. On imagine
aisément le marché, non loin de la rue Masséna,
le froissement du tissu des toilettes de ces dames de la haute bourgeoisie,
se promenant sur la Promenade des Anglais. Nice respire, vit...
Agnès,
belle jeune femme à la toison flamboyante se retrouve veuve d'Eligio
Mogliano et mère de deux enfants, Catherine et François.
Tragique histoire, me direz-vous ? Certainement pas. Agnès est
de cette race de femme qui ne s'avoue jamais vaincue. Et le désir
de vivre est le plus fort, malgré tout. Passionnée, ardente,
elle découvre l'amour avec Jean Wagner, directeur d'hôtel
en Suisse. Grâce à lui, elle accède à une
vie qui la met désormais à l'abri de tout besoin matériel.
"A trente-trois ans, par amour et quelques mois seulement de
son veuvage, Agnès devenait rentière. Elle entrait en
bourgeoisie". Dans ce contexte de joies et de plaisirs
faciles, elle subit la passion du jeu. Enivrante, dévorante,
elle prend goût à cette nouvelle vie. Agnès perd,
Agnès gagne. Volage, elle connaîtra de folles nuits dans
les bras du bel Adolfo. Cette aventure sans lendemain se terminera par
la disparition tragique de son amant. Meurtrie mais soulagée,
elle retrouve Jean, l'homme de sa vie. "Ainsi passaient les
jours, les mois, les années. "..." Tenace, Jean
n'abandonnait pas le rêve d'Agnès : sa maison d'été
sur les collines". Ainsi vit le jour la"Ginestière".
Aux longues
années de bonheur succèdent des moments d'incertitude.
Devenu chirurgien dentiste, François épouse Marceline,
une jeune fille cultivée, en totale rupture avec les moeurs traditionnelles
de l'époque. Éclate alors la première guerre mondiale.
François part au front. A son retour, les temps ont bien changé.
Sa femme le quitte pour vivre avec Betty.
Cette période
marque la fin d'une façon de vivre, de toute une époque.
Les années ne semblent pas avoir altéré la beauté
d'Agnès. Nice renaît de ses cendres. La vie reprend son
rythme calme et paisible...
Alfred
Hart ressemble énormément aux personnages qu'il peint
dans ses romans : sensibles, raffinés, et rêveurs...
Chez lui,
les mots ne sont plus mots mais caresses de l'esprit. Incantations.
Invitations aux voyages. Dans ce roman c'est une part de lui-même
qu'il nous livre. Résolu, il a la force d'aller jusqu'au bout
de se combats intérieurs."
"[...]Mais
le talent d'Alfred Hart se déploie essentiellement par le récit,
au jour le jour dirait-on, de cette famille bourgeoise d'avant la guerre
de 14. La famille entière se retrouve à la Ginestière,
la villa achetée sur les collines. Les hommes en cotonnade se
retrouvent, le soir, sous l'immense tonnelle : "Chacun descendait
alors des chambres, abandonnait les chaises longues, et le mouvement
renaissait du semblant de fraîcheur, de l'approche des bonnes
odeurs d'herbes dans la luminosité du soir".
Aux odeurs
d'herbes viennent s'ajouter, vous donnant l'eau à la bouche,
les parfums d'une cuisine ancrée dans la tradition et les beaux
produits naturels du jardin. La vraie salade niçoise aux filets
d'anchois, les poivrons au four, les légumes farcis : courgettes,
tomates, aubergines ; la pissaladière, la ratatouille aux quatre
légumes cuits, chacun séparément, dans son poêlon
; la daube à la Niçoise, les caillettes, la poche de veau
farcie.
Chacun
dans la famille, a son plat préféré. Agnès
et son fils François aiment les tagliatelle avec la sauce en
daube ; Marceline, la jeune épouse de François, les gnocchis
au beurre et au fromage ; Fred préfère les spaghettis
au simple coulis de tomates rehaussé de basilic.
L'été
s'écoule doucement, rythmé par la lecture des journaux
et l'heure des repas, la sieste, la conversation, les travaux ménagers
et le marché. Dès les premières pluies d'octobre,
tout le monde "redescend" à Nice. On s'installe pour
l'hiver dans les beaux appartements du centre ville flambant neufs.
Agnès et les siens logent rue Masséna, au carrefour Magenta.
Il faut un peu de temps à Agnès qui vient de la vielle
ville pour s'habituer. Au début, elle se méfie : "Les
différences sociales se faisaient déjà sentir,
imposant des usages, des manières, des ronds de jambe, un peu
talon rouge, dont Agnès n'avait pas le goût. Bien vite
cependant, elle s'aperçut que la vie populaire existait à
l'arrière des façades cossues des boutiques de luxe."
Le bonheur
? Pas tout à fait. Les ennuis arrivent avec Marceline, la femme
de François. Marceline étouffe dans ce milieu trop traditionnel.
La vie niçoise lui paraît étriquée. Elle
a besoin de respirer, de vivre à l'image des nouveaux vêtements
qu'elle se met à porter : "La saison prochaine, dit-elle,
toutes les femmes comme nous porteront des porte-jarretelles pour tenir
leurs bas, c'est une petite ceinture que l'on met à même
la peau, puisqu'on n'a plus de corset ! (...) C'est comme ces nouveaux
soutiens-gorge. Comme on dit à Paris, une merveille pour nos
seins : "Ils contiennent les forts, soutiennent les faibles et
ramènent les égarés".
Le soutien-gorge
et le porte-jarretelles passent encore, mais voilà que Marceline
se met à fréquenter le milieu littéraire de la
Villa de Cessole où elle côtoie des femmes de lettres qui
préfèrent jouer entre elles plutôt que se fourvoyer
avec la gent masculine. C'est du propre ! Ainsi Marceline connaîtra
Betty et quittera définitivement François. Et comme un
malheur n'arrive jamais seul, la guerre de 1914 éclate par un
bel après-midi du mois d'août. Les hôtels de la Promenades
des Anglais deviennent des hôpitaux. On réduit l'éclairage
public. Les magasins ferment à six heures. Le charbon devient
rare et "L'Éclaireur" publie la liste des enfants du
pays tombés au champ d'honneur.
Je ne vous
en dirai pas plus. Il faut découvrir ce deuxième tome
de l'épopée niçoise d'Alfred Hart, bourrée
de détails qui raviront les Niçois de souche, mais aussi
ceux du coeur, curieux de découvrir l'âme, à travers
l'histoire et le temps, de leur ville préférée."
"La
Ginestière" a obtenu le Grand Prix Littéraire des
100 ans de la Côte d'Azur
"Giotta"
Résumé
Le troisième
livre, édité chez Maren Sell
& Cie, marque le début d'une nouvelle époque.
Agnès et sa beauté, Jean et sa culture, appartiennent
déjà au passé. Giotta, leur petite-fille, est à
la charnière de deux mondes. Son histoire sera celle d'une jeune
fille éprise de liberté qui va essayer d'ouvrir ses ailes
dans une société encore engluée dans des traditions
bourgeoises d'un autre âge ; folle époque, vie partagée
entre une morale conventionnelle et un désir farouche de liberté.
La mère
de Giotta, divorcée de François, garçonne et anticonformiste,
libérée depuis longtemps des conventions, ouvre avec son
amie Betty une maison de couture à Paris, rue Duphot, au-dessus
de chez Prunier. Giotta partage sa vie entre Nice et Paris ; années
folles, le charleston dansé au-dessus d'un volcan, amours tragiques,
montée des périls, crise de 29, fascisme, nazisme, guerre
d'Espagne...
La Ginestière
et son art de vivre sont devenus des paradis perdus. François,
remarié, haut dignitaire maçon, sent s'approcher la tourmente.
Giotta, après une expérience malheureuse de fiançailles,
découvre enfin l'amour, le vrai celui-là pense-t-elle,
à Vienne, avec un jeune médecin idéaliste. La guerre
d'Espagne le lui enlève. Il ne restera de son amour disparu qu'une
dernière lettre écrite dans les ruines de Téruel...
Un nouvel
enfant, Charles, petit-fils orphelin d'une vieille dame amie d'Agnès,
est adopté par la famille et lui apporte un peu de gaieté
et de sang neuf. Mais la guerre revient, drôle d'abord, comme
si une guerre pouvait jamais être drôle, tragique très
vite, balayant les derniers moment de joie de vivre. Invasion, bataille
des Alpes, arrivée des Italiens, armistice, zone occupée,
zone libre... Nice est intacte mais la famille pleure la défaite
et la mort de Fred, compagnon tendre et fidèle de Catherine.
Extraits
du dossier de presse
Madame
FIGARO - Bruno de Cessole - Avril 1989 - |
"Nous
sommes toujours à Nice, mais les temps ont changé. En
1924, Giotta, âgée de 17 ans, est une jeune fille de bonne
famille partagée entre une morale conventionnelle et son désir
de liberté.
Elle va
connaître un destin tumultueux. Adolescente, elle assiste à
l'éclosion d'une maison de couture, faubourg Saint-Honoré,
tenue par un couple de femmes dont l'une est sa mère. Elle rencontre
Kiki de Montparnasse, Man Ray et la faune parisienne qui danse le charleston
sur un volcan. Les gouvernements se succèdent, le chômage
augmente, la crise économique déstabilise l'Europe, et
de redoutables "sauveurs" apparaissent en Allemagne et en
Italie.
Après
avoir découvert la sensualité avec un bel Argentin, elle
se jette dans les bras d'un blond et riche Normand qu'elle suit dans
les bois ensorcelés de la Brenne. L'homme se tue. Elle retourne
à Nice. Le ciel de l'Europe s'assombrit. Giotta continue à
rêver.
Le plus
remarquable dans ce roman c'est que chaque détail est étayé
par une somme impressionnante d'érudition historique mais que
celle-ci n'entrave jamais la liberté et l'imagination du romancier".
Raoul
NATIEZ - Sourgentin Magazine - Septembre-Octobre 1989 - |
"Après
Agnès de La porte fausse et
Nina de La Ginestière,
voici Giotta. Trois romans.
Trois femmes qui en occupent le centre. Ce qui est déjà
en soit un fait intéressant et qui demanderait réflexion
et développement. Cette fois la femme échappe à
la morale de sa famille pour exprimer, sans révolte superflue
et spectaculaire, son besoin de liberté. C'est le temps de "la
garçonne" et du charleston...C'est aussi le temps de la
montée des périls durant l'entre deux guerres, l'époque
des insouciances masquant les inquiétudes et les angoisses. Le
fait-divers se mêle à la grande nouvelle, à l'événement
; la minutie des détails de mode, fanfreluches et paillettes
côtoient les petits et les grands mensonges que l'on fait à
Agnès gravement malade ; la quiétude, le refuge de la
Ginestière cohabite avec les trépidations parisiennes...
Et il se dégage une impression de vérité, de réel
associant le banal à l'extraordinaire, le dérisoire à
l'essentiel.
Cet ouvrage
est davantage un journal car l'auteur laisse percer sous sa plume une
extraordinaire passion de recherche. L'ensemble de ses découvertes
assemblées dans une trame romanesque souvent sans surprise aboutissent
à un genre littéraire qui nous tient éloignés,
fort heureusement, des "best-sellers" américains, des
Judith Krantz et Danille Steel."
"Le
pont du Var"
Résumé
Dernier
livre de la saga, publié par la maison d'édition PAYOT,
raconte la vie de la famille déchirée entre Nice et Paris,
sous l'État Français de Vichy, jusqu'à la victoire
finale.
Pour les
niçois, comme la "Porte fausse" symbolise le passage
de la vieille ville à la ville nouvelle, Le
Pont du Var symbolise le cordon ombilical qui, par dessus
les eaux, relie Nice à La France. Ses destructions, ses réparations
et sa tombée finale dans le fleuve marquent les étapes
de ces quatre années terribles, années de la débrouillardise
d'abord, de la terreur ensuite avec l'arrivée des troupes allemandes
traquant les réfugiés.
Au début,
pour Giotta et le Petit Charles, c'est la fréquentation du Tout-Paris
en exile, déambulant dans Nice et faisant du Cintra son quartier
général, le temps de la zone occupée vue de la
zone libre. Avec l'arrivée des troupes italiennes, c'est le retour
au calme et pour Giotta un nouvel - pense-t-elle - définitif
amour : un ami très cher de son père, colonel au régiment
du Piémont-Réal, violemment antifasciste.
Mais un
drame bouleverse le fragile équilibre qui s'était installé
à Nice sous l'occupation italienne. L'annonce, quelques jours
trop tôt, par Eisenhower, de l'armistice avec l'Italie, est une
catastrophe. Les allemands franchissent le Pont du Var, les Italiens
s'enfuient, les juifs réfugiés sont pris au piège.
Giotta et Charles participent activement au sauvetage des Israélites.
Mais le drame est partout, jusque dans l'arrière-pays et au Piémont
où le piège se referme sur ceux qui se croyaient sauvés.
Réfractaire
au S.T.O., Charles se cache à Paris où il poursuit tant
bien que mal des études brillantes. A Nice les Allemands se déchaînent
; ils font évacuer les immeubles du front de mer et veulent transformer
le Château qui domine la veille ville en forteresse ! Seul le
temps leur manque pour transformer la Baie des Anges en mur de l'Atlantique
bis.... Chaque fois détruit, le Pont du Var fonctionne encore
puis disparaît un jour dans le fleuve.
Au milieu
de la tourmente la famille Mogliano survit comme elle peut, portée
à bout de bras par Giotta qui lutte de toutes ses forces contre
les privations et les découragements, aidant les uns, cachant
les autres...
.....Débarquement
en Normandie, bombardement de Nice, libération de Paris, à
laquelle Charles - Lieutenant FFI - participe activement, retrait des
Allemands, arrivée des Américains.... La famille Mogliano
se regroupe enfin et recommence à vivre.
Charles
épouse une ravissante jeune fille, rencontrée par hasard
et qui se révèle être une petite fille naturelle
d'Eligio, le fondateur, presque un siècle plus tôt, de
la dynastie Mogliano.
Giotta
leur remet la pièce d'or, le talisman du bonheur, que lui avait
transmise Agnès, la belle rousse aux yeux verts...
Extraits
du dossier de Presse
J.M.
TRONCHON - Nice-Matin - |
"Charles,
réfractaire au STO, se cache à Paris, partagé entre
ses études et les bras de la belle Madeleine. Bien sûr,
il s'agit de l'auteur lui-même qui a voulu faire, ici encore,
un livre de mémoire. Une histoire de fidélité.
Histoire de dire avant tout la réalité d'une époque
tragique où les Niçois vivaient d'espoir : il faut parfois
toucher le fond pour refaire surface. Temps où le libre arbitre
disparu, la culture-refuge nourrissait l'esprit si le corps avait faim.
A Nice,
Giotta et Charles son frère, rencontrent le Tout-Paris en exil.
Chez le libraire Lapeyre paraît Martin du Gard, fort occupé
à mettre en fiches ses romans-fleuves. Avec l'arrivée
des troupes italiennes c'est un certain retour au calme. Mais l'annonce
quelques jours trop tôt de l'armistice avec l'Italie bouleverse
le fragile équilibre. Les Allemands franchissent le pont du Var,
ce cordon ombilical reliant Nice à la France.
Alfred
Hart retrace le calvaire des Juifs réfugiés sur la Côte
d'Azur et pris au piège. Giotta et Charles participent activement
à leur sauvetage. Plus d'un millier d'hommes, femmes, enfants
réussiront à passer de Saint-Martin-Vésubie en
Italie à travers les montagnes. Mais les nazis à leurs
trousses feront, hélas, de nombreuses victimes. L'auteur n'a
rien oublié de ces moments écrits en lettres de sang et
de larmes dans l'histoire d'un peuple. Il a gardé longtemps dans
le couvercle de sa montre le morceau de lorgnon d'un homme abattu à
Nice par les SS devant le Cecil Hôtel.
Dernières
heures de la guerre : les rafles partout, dans les gares, les rues,
les restaurants, les autocars. La Jetée-Promenade démolie,
les blockhaus, les bombardements. Les "pères tranquilles"
qui ne l'étaient pas tous. Certains risquaient leur vie chaque
nuit. Collabos, trafiquants, grands héros de la Résistance,
petits héros de chaque jour, occupants, victimes innocentes se
côtoyaient, s'observaient un peu, se taisaient beaucoup. Et parmi
les horreurs, en coulisses, les tortures, fusillades, pendaisons et
exécutions sommaires d'otages.
Comme La
Porte Fausse, La Ginestière
et Giotta,
Le Pont du Var, roman hyperdocumenté,
se lit d'un trait. On retrouve dans ces pages pleines de sève
bien des noms inconnus et d'autres à peine dissimulés
sous le pseudonyme. D'ascendance flamande (son arrière grand-père
fut maire de Dunkerque), Alfred Hart, homme du Nord de formation méditerranéenne,
porte en lui l'empreinte indélébile de Nice. Entré
tard en littérature, ce romancier de caractère et de talent
écrit avec son coeur. Voilà pourquoi ses Mogliano nous
sont proches.
Le
Pont du Var
c'est presque des mémoires, presque une biographie. Dans
les liens du miracle... Capturé en franchissant clandestinement
la ligne de démarcation, l'auteur fut sauvé par un officier
allemand qui lui posa un casque sur la tête en lui montrant une
photo de son fils tué à Stalingrad. Il lui ressemblait
comme un double.
"On
n'a pas le droit d'oublier, après la rafle du Val d'Hiv. La Côte
d'Azur est l'endroit où après Paris, furent commises le
plus d'exactions..." dit Alfred Hart.
A la libération
débute une autre histoire. Jadis, naguère et le bel aujourd'hui
se rejoignent. Venus du Piémont à Nice vers la fin de
l'autre siècle, les Mogliano rentrent en eux-mêmes".
Ernest
Hildesheimer - Nice Historique - Organe Officiel de l'Academia Nissarda
- |
"Poursuivant
la série des "Mogliano", ces descendants d'un artisan
bourrelier venu du Piémont avec sa femme Agnès en 1881,
Alfred Hart publie, chez Payot, le quatrième et dernier volume
concernant la période 1940-48. Nous retrouvons les visages rencontrés
dans le livre précédent, Giotta, et tout particulièrement
le fils adoptif du dentiste François Mogliano, ce jeune Charles
chez qui nous découvrons une personnalité bien proche
de celle de l'auteur.
Avec le
pouvoir d'évocation qui lui est propre, Alfred Hart fait revivre
la douloureuse époque qui suivit l'armistice de juin 1940 jusqu'à
la Libération en 1944-45. Nice et Paris, la ligne de démarcation,
les difficiles voyages en chemin de fer servent de cadre au récit
; le talent du romancier s'unit à la précision de l'historien
et le lecteur suit des épisodes successifs du récit sans
un moment de lassitude.
L'atmosphère
particulière de ces années tragiques est rendue avec tant
de vérité que ceux qui les ont vécues s'y croient
transportés de nouveau. Nous ne pouvons en quelques lignes donner
une idée complète de l'ouvrage. Force nous est de nous
limiter à quelques exemples.
Et d'abord
les difficultés alimentaires et la pénurie des marchés
niçois : "Le matin, dès sept heures, elle (Julia)
parcourait les allées du marché du cours Saleya. Elle
y trouvait de moins en moins de choses. Les tractations se déroulaient
loin des étals, au fond des arrières-boutiques, et parfois
même dans certains estaminets de la vielle ville pourvus souvent
d'une double sortie. Au début, elle avait eu très peur
de s'y glisser, mais peu à peu elle y avait pris ses habitudes.
Un ex-crémier de la rue Droite lui vendait du poisson, un garçon
boucher des oeufs, et un ancien cocher, ami de François, des
conserves de thon et des boîtes de sardines. Le tout au prix fort
et avec de grands mercis de la part de Julia."
L'affreuse
chasse aux Juifs dont Nice fut le témoin atterré après
l'arrivée des troupes allemandes en septembre 1943 est relatée
de façon saisissante : "Le commando dirigé par
Brunner, fort d'une quarantaine d'hommes appuyés par un groupe
de miliciens et d'agents du P.P.F. arriva à Nice le 10 aux premières
heures du jour. Ils installèrent leur quartier général
à la synagogue pour organiser le tri de la grande rafle à
laquelle ils allaient s'adonner. Celle-ci fut scientifiquement organisée
en utilisant à la fois les renseignements fournis par la délation
et les livres de police des hôtels et garnis. S'y ajoutèrent
les contrôles effectués au hasard dans les rues, les endroits
publics, les magasins, les cinémas, grâce à une
équipe de physionomistes habitués à détecter
l'homme, la femme et l'enfant de race juive. Les rafles s'étendirent
jusqu'aux hôpitaux, aux cliniques, aux hospices. La villa Jacob,
l'hôpital Saint-Roch, la clinique Saint-Antoine, l'hospice des
vieillards furent perquisitionnés. Même l'église
Saint-Pierre-d'Arène et celle du port furent inspectées".
La fuite
de ces malheureux vers l'Italie par Saint-Martin-Vésubie et le
col des Fenestres est raconté de manière saisissante.
Page d'histoire à ne pas oublier si l'on veut éviter le
retour de pareilles horreurs !
Au cours
du récit des figures connues apparaissent, que les Niçois
salueront avec plaisir, telles le libraire Lapeyre ou le docteur Rosanoff
ou encore l'illustre romancier Martin du Gard.
La suite
des Mogliano est digne de prendre place sur les rayons de nos bibliothèques
parmi les grandes collections qui retracent la vie du pays niçois
dans ses heures sombre comme dans ses heures joyeuses suivant le cours
variable et heurté de la grande et de la petite histoire."
Épilogue
En 1962,
Charles fait naufrage au large de Montevideo en compagnie de l'abbé
Pierre. Restant quatre heures et demi dans l'eau glacée de la
mer australe, il se promet - s'il en réchappe - de raconter la
vie authentique de la famille Mogliano.
Sauvé
par la marine argentine, il a écrit les quatre livres qui ont
inspiré cette saga.
L'alcôve
du Cardinal
Résumé
Nous sommes
en 1658 à Turin, au château du Valentino. Dans une ambiance
survoltée se préparent les fiançailles de la princesse
Marguerite avec le jeune rois Louis XIV. La cour savoyarde doit se rendre
à Lyon pour y rejoindre la cour de France. Mais ni les fiançailles
ni le mariage ne se feront car le cardinal Mazarin s'y opposera. La
guerre entre la France et l'Espagne n'a que trop duré et il est
vital de parvenir à unir Louis XIV et l'Infante Marie-Thérèse
pour restaurer la paix entre les deux pays.
Sylvio
Socini est un jeune Piémontais, attaché à la cour
du duc de Savoie, Charles-Emmanuel II. Écuyer de sa fille, la
princesse Marguerite, il s'acquitte avec bonheur de ses fonctions tout
en rêvant d'un horizon plus large que les remparts de Turin. Grâce
à l'entregent de son oncle, le chanoine Socini, lié au
cardinal Mazarin, il va pouvoir réaliser son rêve : gagner
la France et prendre du service auprès du puissant ministre.
A Paris, Sylvio découvre les plaisirs et les embarras d'une grande
capitale, la vie quotidienne de la cour de France, les intrigues politiques
et les jeux de l'amour.
A Paris
Sylvio rencontre Françoise, fille d'une mercière du palais.
Elle sera l'amour de sa vie. Puis il accompagnera le cardinal et la
cour dans une grande chevauchée jusqu'aux Pyrénées,
où sera signée la paix avec l'Espagne.
Chez le
cardinal Mazarin il découvre l'homme de paix embrassant d'immenses
projets diplomatiques, politiques et militaires, mais aussi l'homme
d'argent, amassant la plus grande fortune de France et l'épicurien
raffiné, amateur de parfums épicés et de mets succulents.
Sylvio restera aux côtés de Mazarin jusqu'à la mort
de celui-ci, dans l'alcôve du château de Vincennes, en 1661.
Extraits
du dossier de Presse
A.
BROHAN - La République des Pyrénées - 6 août
1994 - |
"Les
grands romans, ceux qui défient le temps et passionnent les générations
sont souvent si étroitement associés à l'histoire
qu'on aurait du mal à distinguer - si on le tentait - le réel
de l'imaginaire. En fait, on ne le tente pas : on se laisse prendre
insensiblement, les personnages suscitent notre sympathie et leurs aventures
deviennent les nôtres : qui ne s'est senti une âme de mousquetaire
après avoir lu Alexandre Dumas ? C'est dans cette perspective
que s'inscrit "L'alcôve du Cardinal". Lle fascinant
Mazarin : homme d'État plus encore qu'homme d'Église arrangeant
les mariages des rois, embrassant d'immenses projets diplomatiques,
politiques et militaires ; homme d'argent aussi et épicurien
raffiné de surcroît.
Plus riche
encore que la télévision qui fait, devant nos yeux, se
succéder si vite les images, le grand roman tel celui-ci ne cesse
de déployer derrière ses personnages une fascinante toile
de fond, évocation de décors changeants, souvent somptueux
où "les couleurs, les parfums et les sons se répondent",
où les fastes des époques disparues s'associent au rythme
immuable des saisons.... Car les déplacements des cortèges
royaux ou cardinalices sont longs et il faudra bien des jours à
la litière de Mazarin, en mauvaise santé, et aux carrosses
de sa suite, pour se rendre à l'île des Faisans, perdue
dans la Bidassoa qui doit à une illustre rencontre : conclusion
d'une paix entre la France et l'Espagne, d'être entrée
dans l'histoire ; les lecteurs aquitains aimeront retrouver des noms
familiers de localités traversées au cours de ces errances
: Auch, L'Isle-Jourdain, Gimont, Vic-Fezensac, ainsi entrées
dans le conte de fées du mariage royal : sommet de la politique
mazarine.
Le grand
roman écrit l'histoire comme si elle avait été
romancée. Il nous fait vivre ce que nous aurions osé ni
imaginer, ni su écrire : il se situe à plusieurs niveaux
et les personnages en sont l'essentiel : Sylvio et Françoise
la mercière, vivent sans être esclaves de leur condition,
l'éternelle attirance qui pousse l'un vers l'autre les êtres
jeunes. Mais le mariage de Louis XIV et de l'infante est un acte politique
conclu, au contraire, sur un amour sacrifié dont il ne sera guère
question, tant le Cardinal, maître après Dieu, a mis d'obstination
à écarter sa nièce pour lier deux nations à
travers deux êtres prisonniers de leur dignité et de leurs
responsabilités. On retrouvera les rites qui obligent à
un mariage par procuration à Fontarrabie, parce que l'Espagnole
ne peut quitter son territoire natal que mariée. La solennité
aura lieu à Saint-Jean-de-Luz... Entre les parure et les fastes,
nous n'ignorons rien, pas même les problèmes financiers
que le Cardinal, avec Colbert à Paris, suit de près...
On ferme
à regret ce grand roman qui ne s'achève qu'à sa
mort, quand la prépondérance française va succéder
à la prépondérance espagnole et où tout
s'est uni pour nous plaire. On aimera le prendre et le reprendre pour
nourrir ses rêves."
Jean-Pierre
RUDIN - Nice-Matin - 1994 |
"Le
roman historique est une forme bien particulière de la littérature
qui participe, comme son nom l'indique, du roman et de l'histoire.
Celle-ci,
si l'ouvrage est réussi, peut bénéficier de l'apport
de celui-là. Nous en avons une démonstration incontestable
avec le dernier livre d'Alfred Hart qui éclaire d'un jour nouveau
le début du règne de Louis XIV, encore sous la tutelle
vigilante de Mazarin.
Alfred
Hart a pris le parti de ne pas nous présenter directement le
Cardinal, mais de nous le faire découvrir en filigrane derrière
un récit nous brossant un tableau haut en couleurs de trois années
du Royaume de France - de 1659 à 1661 - particulièrement
riches en événements souvent mal connus. Le héros
de son roman est le jeune Sylvio Socini. De famille turinoise, il est
écuyer à la Cour du Duc de Savoie dont l'épouse
n'est autre que la princesse Christine de France, soeur de Louis XIII.
Leur fille Marguerite est promise au jeune Louis XIV. Les accordailles
doivent être célébrées en France, entraînant
le déplacement fastueux d'une grande partie de la Cour de Savoie.
Sylvio est du voyage et nous le suivons dans son extraordinaire chevauchée
de Turin à Chambéry, puis à Lyon où le Roi
et le Cardinal viennent à la rencontre de la Princesse. Mais
ni les fiançailles ni le mariage ne se feront.
Ce n'est
qu'un leurre voulu par l'habile prélat, une sorte de piège
qu'il tend au Roi d'Espagne, Philippe IV. La guerre entre la France
et l'Espagne n'a que trop duré et il est vital de parvenir à
unir Louis XIV et l'Infante Marie-Thérèse pour restaurer
la paix entre les deux pays.
Arrivé
à Lyon, Sylvio rêve de Paris. Sur la recommandation de
son oncle, le chanoine Socini, il est détaché à
la Maison militaire du Cardinal. Il le suivra désormais partout
et c'est à travers ses yeux que nous découvrons peu à
peu les facettes d'une des personnalités les plus marquantes
du XVIIe siècle.
De Paris,
il l'accompagnera jusqu'à la frontière espagnole, où
sera signé le traité des Pyrénées, et l'escortera
lors de son retour.
Document
très soigneusement élaboré.
"L'alcôve
du Cardinal", publié chez Calman
Lévy, est plus encore, peut-être l'histoire
de l'amour du séduisant écuyer et de la jeune et jolie
Françoise, fille de son logeur, riche drapier du Pont au change.
Leur passion survit aux séparations imposées par les missions
qu'assume Sylvio auprès du Cardinal-ministre. Le récit
des différents voyages qu'ils accomplissent ensemble nous fait
découvrir combien sa santé est précaire.
C'est ainsi
qu'il est atteint de "goutte aux deux pieds, aux deux genoux, à
un coude et au poignet droit" ! Il continue cependant à
diriger avec une volonté farouche les affaires de la France.
Après
le mariage royal, couronnement de sa ruse stratégique, il rentre
définitivement à Paris où il meurt le 6 mars 1661,
à 58 ans. Sylvio emmène alors Françoise dans son
Piémont bien-aimé et l'épouse en septembre 1661
: "Trois ans plus tôt, presque jour pour jour, il caracolait
aux portières de la Princesse Marguerite".
En toile
de fond de ce beau livre, qui dépeint avec un étonnant
luxe de détails la vie de l'aristocratie et de la riche bourgeoisie,
nous voyons passer, en une sorte de théâtre d'ombres, des
personnages bien réels : Isaac Renaudot, qui succéda à
son père Théophraste à la Gazette, Bossuet, Molière,
Jean-Baptiste Colbert, l'émouvante Marie Mancini et bien d'autres
qui nous fascinent et ajoutent au plaisir de notre lecture.
Un petit
reproche cependant : pourquoi avoir pris dans le titre du roman le mot
alcôve dans l'un de ses sens premiers ? Son acception actuelle,
toujours à connotation galante, voire coquine, pourrait détourner
certains lecteurs peu portés sur la littérature libertine.
Et ce serait vraiment bien dommage ! "
Fête
de l'Identité Niçoise
Nice,
le 22 septembre 2003
Mesdames,
Messieurs,
Nous
sommes aujourd'hui, chers Concitoyens, devant le Monastère
de Saint Pons, pour annoncer la Fête de l'Identité
Niçoise, en souvenir de l'acte de dédition qui fut
signé le 28 septembre 1388 entre les Syndics représentant
la population niçoise et le Comté de Savoie dit le
Comté Rouge.
Pour
magnifier cette fête, qui aura lieu maintenant chaque 28 septembre,
Sian d'Aqui a décidé de faire planter un orme pour
rappeler celui qui ornait le parvis et qui fut en 1793, noble vieillard,
abattu, disons, par les responsables qui, au moment de la Révolution
Française, emportés par leur enthousiasme, détruisaient
tout ce qui ne paraissait pas être conforme à leurs
nouveaux idéaux.
Je
dois vous dire le comment et le pourquoi, ce jour-là, par
un acte officiel souverain, la population niçoise faisait
signer par ses Syndics l'Acte de Dédition qui allait la lier
au Comté de Savoie. Pendant près de cinq siècles,
tout en conservant son identité, ses représentants,
son Sénat, sa langue, la devenue "Comtée Niçoise",
s'est placée sous la protection du Comte de Savoie, dit le
Comte Rouge (à cause de ses habitudes vestimentaires et non
sa cruauté). Le Comte régentait alors le Comté
de Savoie qui deviendra le Duché du Piémont, puis
le Royaume de Sicile. Nice deviendra enfin un des états du
devenu Royaume de Sardaigne, mais jamais du Royaume d'Italie.
Nice
s'intègre ensuite à la France par le rattachement
de 1860.
Il
conviendrait, je pense, que maintenant je vous explique, en l'opposant
à l'annexion, ce qu'a été réellement
cet acte signé en 1388, le 28 septembre, et qui a été
suivi en 1960 du rattachement (lui aussi librement voulu par la
population) au deuxième Empire français sous Napoléon
III.
Avant
de vous expliquer ce qu'a été la Dédition de
1388, je pense utile de vous rappeler pourquoi elle a eu lieu et
quelle était alors la situation de ce qui deviendra le Comté
de Nice, qui faisait alors partie intégrante du Comté
de Provence, lui-même rattaché à l'Empire romain,
germanique, dont il était plus ou moins, il faut le dire,
comme indépendant. Mais à cette époque, la
Provence ne faisait nullement partie du Royaume de France.
La
Provence rejoindra la France sous Louis XI et plus officiellement
sous Charles VIII par les lettres patentes signées plus tard
en 1488, donc un an après la Dédition Niçoise.
Pourquoi
cette dédition et non annexion, comme on le dit souvent à
tort, et ce également pour le rattachement de Nice à
la France en 1860 ?
A ce
sujet, je tiens à vous signaler combien j'ai été
décontenancé, Samedi, il y a quinze jours, de lire
à Beaulieu le mot d'annexion sur une plaque qui veut magnifier
le rattachement de 1860. La plaque est située à côté
de la place face à l'église, place qui s'ouvre du
reste magnifiquement sur notre "grande bleue".
Il
y aurait aussi, m'a-t-on dit, à Cannes, une rue dite de l'Annexion.
Il est vrai qu'à l'époque, Cannes était provençale.
L'arrondissement de Grasse, dont cette ville faisait partie, n'a
été rattaché aux Alpes-Maritimes qu'après
le rattachement de1860.
Quelle
était donc la situation à Nice en 1388 pour justifier
cette séparation avec la Provence ? Elle était tragique,
intenable, laissée à l'abandon par l'autorité
provençale, sans cesse tenaillée par la famine, assaillie
sans cesse par des incursions armées, des brigandages provenant
principalement des pirates, principalement barbaresques qui infectaient
la Côte. Malgré les appels réitérés,
aucun secours ne franchissait le Var qui était alors, comme
toujours, notre frontière linguistique : celle du niçois
face au provençal.
Il
y avait eu en Provence des rivalités, pour ne pas dire des
absences de pouvoir, avec le règne de Jeanne de Naples, ses
trois maris, ses choix successifs d'héritiers qui, eux, rivalisaient
plus que jamais avec la famille des "Anjou" du Royaume
de Naples.
Cela
avait été aussi égal pour la Région
de Forcalquier qui, la première, se plaça sous la
protection du Comte Rouge, également en septembre 1388, quelques
jours avant Nice.
Et
c'est ainsi que par la volonté populaire, la Comtéa
de Nice se forma en se séparant de la Provence et se plaça,
grâce à la Dédition du 28 septembre 1388, sous
l'autorité du Comte de Savoie et du Piémont. Nice
conserva alors ses édiles, élus par le peuple, possédant
son Sénat, son Université. Elle conserva sa langue.
Le Piémontais ne fut jamais imposé comme langue officielle,
pas plus que la langue de Dante. Le Français y était
aussi parlé, certainement non par le peuple, mais par les
milieux les plus évolués et même bien cultivés.
Je
pense donc que, maintenant, il est temps que je vous explique ce
qu'a été et ce que représente ce terme de dédition
et quel est son contenu, telle qu'elle fut signée ici-même
ce 28 septembre 1388, cette dédition, mot méconnu
par la plupart des français et même de par certains
niçois.
En
effet, les termes de dédition et d'annexion s'opposent complètement.
Je remarque toutefois que le terme de "dédition"
n'existe pas en français et ne figure même pas dans
le Larousse, cependant extrêmement complet, de 1865, édité
en 15 volumes, pas plus que dans le Larousse encyclopédique
en 10 volumes de 1964.
L'annexion
est en effet un acte délibéré pour un État
de se saisir sans droit et seulement par la force d'un territoire,
alors que la dédition est un acte réfléchi
par les autorités légales d'un territoire, dûment
rédigé et accepté librement par sa population
afin de se placer sous la protection d'un autre État, en
l'occurrence pour Nice de l'État alors Savoyard, afin d'en
faire partie intégrante.
Cela
fut consigné dans un acte aux très nombreux articles
qui fut signé sous un vieil orme, ici-même, devant
l'Abbaye de Saint Pons, le 28 septembre 1388, le lendemain de l'arrivée
à Nice du Comte Amédée VII, dit le Comte Rouge
et par le Comte lui-même alors Vicaire impérial et
les 4 syndics niçois représentant la population de
ce qui devenait alors la Comtéa de Nice ainsi séparée
définitivement de la Provence, et ce par la volonté
populaire. Le préambule de cet acte stipule clairement les
motifs de cette dédition dans les termes suivants que je
vais vous rappeler :
"La
communauté et les hommes de la cité de Nice, considérant
l'oppression, les dommages, les torts, les injures, les brigandages,
les rapines, les offenses, les dégâts dont il ont souffert
et dont les menace encore l'illustre seigneur Louis, Duc D'Anjou,
qui se prétend Roi de Jérusalem et de Sicile, Comte
de Provence et de Forcalquier, considérant que la famine
et la disette sont déjà pénétrées
dans la cité de Nice et qu'elles s'aggravent journellement
par suite de guerre et de la puissance de leurs ennemis mais constatent
qu'ils ne peuvent obtenir le secours du sérénissime
Prince Ladislas, lui Roi de Jérusalem et de Sicile et seigneur
naturel de leur Comtéa, à cause de son impuissance,
de la supériorité de ses ennemis qui ont déjà
réduit par la force la plus grande partie des dits comtés
de Provence et Forcalquier et les ont soumis à leur domination,
estiment qu'il est désormais impossible de subsister sans
implorer le secours d'un autre Seigneur.
C'est
pourquoi après de multiples colloques et délibérations,
les représentants du peuple niçois ont choisi de recourir
au Seigneur Amédée, Comte de Savoie, Vicaire général
du Saint Empire pour se placer sous sa protection sous laquelle
se trouve déjà le susdit Comté de Forcalquier".
L'article
31 de cet acte de dédition donnait cependant au Roi de Sicile
Ladislas, héritier légal de la Comtée de Provence,
un délai de trois ans pour pouvoir reprendre la souveraineté
de la nouvelle Comtéa de Nice, mais à condition qu'il
rembourse au Comte de Savoie la somme de 164 000 florins d'or qu'il
lui restait devoir pour payer et rembourser les frais avancés
lors de l'expédition de Naples de 1382 par le Comte de Savoie
Amédée VI dit le Comte Vert, le père du Comte
actuel, qui avait du reste perdu la vie en se portant au secours
du Duc D'Anjou devenu Roi de Sicile.
Et
c'est ainsi que cette somme n'ayant pas été réglée
comme convenu, le 12 novembre 1391, les syndics de Nice représentant
la population de ce qui était devenu alors la Comtéa
de Nice, prêtèrent le serment solennel de fidélité
aux représentants du Comté de Savoie dans la cathédrale
de la Ville de Nice "Sainte Marie" édifiée
sur la colline de ce qui était alors le Château et
la forteresse de la ville.
Mais
le Comte étant décédé le 2 novembre
dans son Château de Ripaille, un nouvel hommage a dû
être rendu, cette fois-ci au nom de son successeur Amédée
VIII et cette fois-ci au Château de Nice lui-même quelque
jours après. L'acte définitif fut ratifié par
la Régente Anne de Bourbon par lettres patentes du 14 mai
1392.
Voilà,
Mesdames et Messieurs, chers Niçois, ce que, comme écrivain
et historien très attaché à notre Comtée,
j'avais à vous dire, peut-être un peu longuement, je
m'en excuse.
C'est
pour cela que Nice commémorera maintenant chaque année,
expliquée, démontrée et défendue, son
identité, son parler nissart, ses coutumes, l'amour de la
famille, la beauté unique de ses montagnes, de ses collines,
de sa grande bleue, et aussi, ne l'oublions pas, de sa merveilleuse
et authentique cuisine, en un mot ce qui est et demeure la NISSARTITUDE.
Alfred
HART
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