Alfred HART

"La Saga des Mogliano"

 


Biographie
La saga des Mogliano
"La porte fausse"
"La Ginestière"
"Giotta"
"Le Pont du Var"
"L'alcôve du Cardinal"
Le gondolier d'Elisheva
Fête de l'identité niçoise

 

 

Biographie

Alfred Hart, de papa flamand et de maman écossaise, est né à Paris au 29 avenue Rapp, dans la célèbre maison de Lavirotte, sa famille ayant dû quitter Dunkerque lors de la course à la mer, sous la pression des troupes allemandes, après la victoire de la Marne en 1914.

Bien vite sa grand-mère paternelle s'installe à Nice, sur la colline de Saint Antoine de Ginestière, là où le très jeune Alfred fut élevé au biberon niçois et piémontais après le décès de sa jeune maman et le remariage de son père, avocat, installé en Angleterre.

Il fut élevé, des plus choyées, par la famille Mogliano. Après un court séjour au Lycée Condorcet à Paris, il revint à Nice, au Lycée Masséna. Il y fit ses humanités, ses études de droit et de lettres (histoire et géographie), fréquentant l'institut juridique et la Faculté de lettres d'Aix en Provence.

En 1942, il monta à Paris à l'école libre de Sciences Politiques, préparant la section financière. Diplômé, il s'engagea dans les Forces Françaises de l'Intérieur et participa aux combats de la Libération de Paris.

Chef de cabinet et conseiller auprès des Ministres de l'économie nationale, il entra comme expert financier auprès de l'Organisation des Nations Unie, principalement comme expert en développement économique auprès de la O.I.T. de Genève, de la F.A.O. de Rome, tant en Afrique Noire qu'en Amérique du Sud. Professeur extraordinaire à l'Université de Buenos Aires, il y fonda la chaire d'administration d'entreprises. A Turin, à l'Université crée par le Bureau International du travail, il s'occupa de la formation économique et comptable des cadres syndicalistes et d'entreprises au niveau national.

Appelé au Mexique, au Pérou, en Colombie, au Brésil, de nouveau en Argentine, comme expert régional en éducation ouvrière, il se spécialise dans l'organisation et l'implantation de centres de productivité à travers l'Amérique du Sud et l'Amérique Centrale, de Ushuaia à la frontière américaine des États Unis.

C'est au cours de cette période, en 1963, qu'en compagnie de l'Abbé Pierre, il fit naufrage dans le Rio de la Plata à bord du Ciudad de Ascension. Sauvé miraculeusement des eaux, comme l'abbé Pierre lui-même, il fit voeu d'écrire l'histoire piémontaise et niçoise de sa famille d'adoption : les Mogliano lorsqu'il sera dégagé de son devoir de réserve de fonctionnaire international. Ce qu'il fit à sa rentrée en France en écrivant successivement :

La Porte fausse (1870-1882)

La Ginéstière (1882-1919)

Giotta (1919-1940)

Le Pont du Var (1940-1950)

Près d'un siècle s'écoule à travers cette fresque où la vie de la famille, "La saga des Mogliano", se mêle à l'histoire du Piémont et du Comté de Nice, et ce à travers trois générations. On y suit la montée de la bourgeoisie d'une famille, d'origine très humble, vivant au Piémont, principalement à Mondovi', à Turin, famille qui s'expatrie à Nice au moment de la crise agricole qui suivit la création de l'Unité italienne.

La deuxième génération devient plus niçoise, dans une Nice en plein développement après la guerre de 1870. La tradition, le particularisme du Comté, la vie du petit peuple en Vieille Ville, l'installation de la famille dans les nouveaux quartiers, la guerre de 1914-1918, vécue à Nice, l'épisode de la guerre des Dardanelles, l'entre deux guerres, les années dite folles sur la Côte, à Paris, la naissance de Juan les Pins, puis la crise, le front populaire....

Dans le quatrième livre, le Pont du Var, c'est la guerre de 1939-1945 après l'Armistice, l'occupation italienne, la quasi-famine à Nice et l'occupation allemande, la vie étudiante de l'auteur à Paris. Des chapitres importants sont réservés à la tragédie des Juifs réfugiés à Saint Martin Vésubie, à leur exode par le col des Fenestres, avant leur extermination par les Nazis...

Alfred Hart, féru d'histoire du comté de Nice, est également spécialisé dans l'histoire du Piémont du XVII siècle.

Ainsi dans "l'Alcôve du Cardinal", raconte-t-il, au travers de la vie mouvementée de Sylvio, les liens qui ont uni la Maison de France et la cour savoyarde (1658-1661). Enfin son dernier ouvrage, "Le gondolier d'Elisheva", est un grand roman historique sur fond de gloire et de déclin de Venise, de guerres gagnées et perdues, de ravages de la peste, et d'une passion amoureuse entre deux jeune gens incarnant tous les bonheurs et les malheurs de leur temps.

Madame HART, son épouse, est artiste peintre et possède à NICE un atelier de peinture sur porcelaine où elle enseigne son art à un groupe d'élèves enthousiastes. (voir page)

Avec l'aimable autorisation de l'Auteur Alfred HART


" Le gondolier d'Elisheva "

Résumé

Le 18 mars 1629, Aron, l'un des membres les plus honorables de la communauté juive de Venise, se rendait au cimetière de San Nicolo du Lido. Il s'était promis de prier et d'annoncer à son père décédé que sa femme Rebecca attendait un enfant. Son laissez-passer signé des cattaveri (fonctionnaires vénitiens chargés de la surveillance du ghetto) l'autorisait à passer quelques nuits en dehors de chez lui.

Alors qu'il traversait la lagune Aron rêvait. Il la connaissait bien cette mer qui l'avait aidé à consolider sa fortune. A Corfou déjà Aron s'était initié au commerce avec les pays nordiques. Aujourd'hui sa situation financière était florissante, mais Aron souffrait de la privation de liberté. Dans ce trop célèbre ghetto, le premier ouvert en Europe, les juifs étaient certes protégés, mais personne ne pouvait en sortir librement. Fort heureusement Aron puisait dans sa foi la force de supporter toutes les atteintes à la liberté et aux droits attachés à la personne humaine. L'essentiel n'était-il pas en fin de compte de savoir se plier pour mieux survivre ?

En juillet 1630 la république des doges, si riche, si puissante a ses frontières terrestres ouvertes à l'envahisseur. Déjà Mantoue a été anéantie par les troupes de l'empereur d'Autriche Ferdinand. Ce qui devenait très préoccupant au ghetto c'étaient les bruits qui circulaient sur la propagation de la peste. Des religieux fanatiques affirmaient que c'était certainement la " colère divine " qui se manifestait à cause du dérèglement des moeurs. Ce fut aussi l'époque où les bruits coururent que la peste venait du ghetto.

Cette même année Rébécca avait mis au monde un superbe bébé Elisheva. La peste plus que jamais frappait alors que le froid redoublait. Un jour ce fut Aron qui n'alla pas bien du tout et seulement quelques jours plus tard il rendait son âme à Dieu. Ce fut Zanetto, le gondolier ami de la famille qui découvrit le drame.

Le corps d'Aron n'était déjà plus là. Celui de Rebecca, dénudé, apparemment sans trace de la peste, gisait à terre, près du lit. Dans l'appartement tout avait été fouillé, détruit. Seule Elisheva gémissait dans son berceau. Sans réfléchir une seconde Zanetto enroula l'enfant dans la couverture du berceau, l'emporta, le sauva. Il s'était promis de ne rien révéler sur ses origines.

C'est à Francesca, qu'il avait aussitôt pensé. Celle-ci était la chambrière de la comtesse Forner, et n'avait pas d'enfant. Huit jours après Elisheva était baptisée et reconnue fille légitime des époux Antonio et Francesca Cappello. Désormais elle s'appellerait Angelina.

Octobre 1641. Plus de douze ans se sont écoulés depuis le terrible fléau. La Sérénissime a pansé ses plaies et repris son faste habituel. Antonio est Vice-protto des maîtres charpentier chargés de la construction des galères qui assurent la puissance navale de Venise. Angelina partage une vie commune avec Loretta, la fille de la comtesse, enfant à la santé délicate.

Mars 1644. Venise est en fête. Chez la comtesse Caterina Forner un grand bal a lieu. Le cavalier qui danse avec Angelina n'a que vingt ans à avouer. Il s'appelle Guglielmo Peri. Malgré son âge il est déjà à la tête d'un bataillon d'une centaine d'hommes.

Le jour de l'Ascension, alors qu'elles assistent à la grande fête des épousailles du doge avec la mer, Loretta a un malaise. On décide aussitôt que les jeunes filles iront passer l'été à Cittadella où l'air est réputé comme le plus salubre d'Italie. Mais le bonheur à la campagne est de courte durée. Un jour, à la suite d'un refroidissement, Loretta se met à tousser et à cracher le sang. Les médecins sont formels : Loretta est atteinte de phtisie. Malgré les soins prodigués elle s'éteint le 8 septembre de la même année. Elle n'a que dix neuf ans !

L'année suivante la guerre avec les Ottomans fut déclarée. Antonio embarqua, en grand équipage, pour rejoindre l'immense flotte qui devait se rendre en Crète. Un sentiment très fort unit maintenant Angelina et le jeune capitaine Guglielmo Peri que les bruits de la guerre ne font que renforcer.

Plus d'un an s'est écoulé. Angelina a épousé son capitaine et une fille est née :Laura. Antonio est maintenant à Corfou et écrit à sa femme pour qu'elle le rejoigne dans cette " île des roses ". A bord du solide bateau qui l'emmène vers son mari Francesca fait la connaissance de Rebecca Hoffmann, la femme d'un important commerçant juif.

Les deux femmes se lient d'amitié et découvrent vite que toutes les deux, au fond, adorent le même Dieu dont elles sont au même titre, mais avec des rites différents, les créatures respectueuses.

Pour les fêtes de Noël 1646, toute la famille est réunie au palais Forner. Ne manque qu'Antonio, toujours retenu en Crète. Francesca depuis son retour est malade. Un jour elle a la surprise de recevoir la visite de Rebecca qui est venue annoncer la mort presque certaine d'Antonio. Décès héroïque au combat de Zéa. Pour Francesca la maladie reprend très vite le dessus jusqu'au jour où son coeur la lâche.

Le devoir, devenu sacré, pour la comtesse, est donc de révéler à Angelina, maintenant que ses parents adoptifs sont morts, la vérité sur sa naissance. La nouvelle est terrible. Sur le moment la jeune femme demeure comme hagarde, elle ne semble pas comprendre. C'est comme si un monde s'écroulait devant elle. Lorsqu'elle fut remise de ses émotions Angelina fit promettre à la comtesse de ne révéler l'origine de sa naissance à personne.

En ce début d'année 1649, sur le Canalazzo, Antonio est né. Lauretta a maintenant un petit frère.

Le temps s'est encore écoulé. Angelina a maintenant trente huit ans. La comtesse Forner est décédée et Angelina est devenue sa légataire universelle. Elle se sent bien seule ! Ses enfants sont partis, son mari est toujours en Crète, à Candie. La ville est assiégée par les Turcs depuis plus de vingt ans. Tous les efforts pour la préserver auront été vains et le 6 septembre 1669 Venise doit capituler. Elle vient de perdre avec la Crète la maîtrise de la Méditerranée orientale. Les nouvelles de Francesco cessent d'arriver. On raconte que le convoi vénitien a fait naufrage sur les côtes de Morée. Angelina qui ne peut croire à la mort de son mari continue d'espérer qu'il est toujours en vie et se promet de le retrouver.

Le Lion de Saint Marc est sérieusement blessé. Une vieille mendiante, aux Esclavons, raconte qu'une nuit sans lune, elle a vu son Lion, repliant ses ailes, se coucher et se lécher ses pattes aux griffes émoussées…

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Commentaires

Nicole Laffont (Nice-Matin du 26 mars 2000)

"Lumineux, coloré, fragile comme un lustre de Murano. Imposant, fascinant, érodé par l'eau comme un palais se mirant dans le Grand Canal. Le destin de Venise, fait de gloire et de déclin, de fastes et de souffrances, de morale rigide et de débordements sensuels, sert de toile de fond au dernier roman d'Alfred Hart.

Une fresque qui entraîne le lecteur dans les images vivantes d'un passé insoupçonné. Alfred Hart, une fois de plus, excelle en tant qu'historien sensible et nuancé. A travers les émois d'une petite fille juive miraculeusement sauvée de l'épidémie de peste qui emporta ses parents dans le Ghetto, le romancier ressuscite la Venise du XVIIe siècle, raconte ses déboires, les guerres gagnées et perdues, le prestige revendiqué et menacé, l'agitation marchande, la passion et le libertinage, la douceur de l'aurore sur la lagune, la vie simple et rude des grands domaines terriens.

Un roman captivant par sa vivacité et son charme. Le lecteur est pris malgré lui dans les filets de ces êtres dont la vie ne tient qu'à un fil. On imagine volontiers cette histoire portée à l'écran.

Mais il y a plus que la simple adhésion à un livre qui parvient à nous faire rêver. Décoller du réel, c'est la base pour lire un roman d'un trait. Comprendre les idées fortes qui s'infiltrent entre les lignes, c'est se dire que ce livre a une raison d'être supplémentaire. L'histoire de cette petite Elisheva baptisée Angelina par sa famille d'adoption, une famille de notables respectés, fortunés, lettrés, va plus loin que l'anecdote, point de départ de la fiction.

Alfred Hart dont on connaît la sensibilité humaniste, dont on relit avec émotion les chapitres consacrés dans son quatrième livre Le pont du Var, à la tragédie des Juifs réfugiés durant la seconde guerre mondiale à Saint-Martin Vésubie, contraints de franchir le col des Fenêtres pour tenter de fuir les nazis, nous livre un message essentiel. Les frontière entre les êtres sont édifiées par des imposteurs assoiffés de pouvoir. Rien ne justifie la distance, l'incompréhension, le rejet.

"Les deux femmes se lient d'amitié et découvrent vite que toutes les deux, au fond, adorent le même Dieu dont elles sont au même titre, mais avec des rites différents, les créatures respectueuses."

Et c'est ainsi que dans ce roman historique on réalise combien les êtres sont semblables dans leurs passions et leurs tragédies, leurs espoirs et leurs angoisses. La petite Elisheva donne, malgré elle une belle leçon d'humanité."

 

Christian LEONI - Journal de la Corse - Vendredi 14 avril 2000

"Membre du corps diplomatique, auteur préalable de "La saga des Mogliano" et de "l'Alcôve du Cardinal", Alfred Hart, actuellement installé à Nice, se lance à travers cet ouvrage, dans une entreprise à la fois passionnante et périlleuse : le roman historique. Difficile pour le lecteur, de faire la part de ce qui appartient effectivement à l'histoire et de ce qui relève de l'imagination créatrice aussi succinctement, on en développera l'équation en retenant que l'Histoire a fourni le décor et les événements guerriers, l'imagination ayant sans doute, pour ce qui la concerne fait phosphorer des sentiments qui, de gondoles en Palais des Doges et plus tard jusqu'en Crète, reflètent les soubresauts d'une âme à la fois tourmentée et généreuse, tant elle est systématiquement, tournée vers l'autre. Mais la trame amoureuse n'est en aucune manière réductrice. L'hommage rendu aux régiments corses apparaît particulièrement chaleureux et probablement mérité car ils sont intervenus dans un contexte qui laissait peu de place à l'improvisation et au manque de bravoure.

Nous sommes en effet à Venise, du temps de sa splendeur, mais pas pour longtemps. Car Venise, écrasée de bonheur, a tendance à s'endormir et comme si ce n'était pas assez, la peste décime la ville. Seulement voilà : Elisheva, elle, y échappe miraculeusement et presque ingratement puisqu'aucun serment des Magnifiques Anciens n'y sera prononcé.

Simplement, Elisheva, devenue Angelina, certes belle, mais sans pour autant atteindre la grâce d'une homonyme cathodique actuelle, Elisheva ou Angelina donc, sera adoptée par l'une des anciennes familles locales. C'est le moment où elle tombera amoureuse du beau Francesco Gugliemi, officier des régiments corses, éconduit par la papauté mais défendant tout de même avec bravoure Venise contre les Ottomans. Elle aura donc pu constater et même vivre de l'intérieur que la vie est souvent constituée d'une chaîne ininterrompue de passions et de tragédies.

En fait, ce livre en tous points captivant a des allures de fresque où l'émotion et l'histoire s'entremêlent sans s'entrechoquer : on est au coeur de l'agitation marchande, mais l'amour, lui, ne se négocie pas. C'est un ouvrage clair où alternent les joies et les souffrances, une morale inflexible et quelques facéties sensuelles. Cependant, sous le couvert du roman sont véhiculées des idées force et des jugements sans appel face à certains fléaux où la balance tient d'héroïsme. C'est ainsi que la sensibilité d'Alfred Hart le conduit à énoncer que "Les frontières entre les êtres sont édictées par des imposteurs assoiffés de pouvoir, alors que rien ne justifie la distance, l'incompréhension, le rejet".

Finalement, "Le gondolier d'Elisheva" devient un roman vivifiant dans la mesure où il abolit même les divergences religieuses. Rébecca et Francesca se rendent compte qu'elles adorent le même Dieu, la moralité de l'histoire étant sans doute que sur la planète en dépit de leurs multiples différences, les êtres sont semblables, du moins pour ce qui est de leur capacité à aimer, quels que soient le décor et les circonstances de la vie.

Il n'est pas inutile, sans doute de préciser aussi que ce livre est dédié à la famille Peri, du village du même nom, famille à laquelle Alfred Hart voue ce qu'il appelle "un amour filial et familial" toujours teinté d'humanisme.

Décidément, "Le gondolier d'Elisheva" mérite bien de figurer en place d'honneur dans toute bonne bibliothèque, loin des plus hauts rayons, car la poussière surdimensionne le temps et lui fait perdre ce qu'il peut y avoir d'absolument humain."

 

La Tribune Républicaine - Jeudi 24 février 2000

"Vient de paraître, aux éditions Jean-Claude Lattès, "Le gondolier d'Elisheva". Ce roman est signé d'Alfred Hart. Voilà un nom et un homme, voilà un écrivain qui est connu de nombreux Bellegardiens qui ont eu le plaisir de le rencontrer, de le fréquenter, ou (et) qui ont déjà lu ses livres précédents et ont apprécié la substance puisée à d'authentiques sources historiques, ainsi que le style. En effet, Alfred Hart, du temps où il exerçait des fonctions diplomatiques, à Genève, au sein d'organismes de l'ONU, a vécu des années durant à Bellegarde puisqu'il avait épousé la fille aînée de Julien Pinet. Tous deux coulent aujourd'hui à Nice une paisible retraite qu'Alfred Hart met à profit pour se livrer à sa passion de l'histoire et de l'écriture.

Rappelons qu'Alfred Hart est l'auteur de la saga en quatre tomes des Mogliano, une famille dont les destinées se sont trouvées de 1868 à 1950 à la croisée de l'histoire du Piémont et du comté de Nice - "La porte fausse", "La Ginestière", "Giotta", "Le pont du Var" - ; et de "L'Alcôve du Cardinal".

"Le gondolier d'Elisheva" est de la même veine. C'est aussi un grand roman historique. Mais dans un autre cadre et à la fin du XVIIe siècle. Tout se passe à Venise, à une période où la cité des Doges semble s'endormir sous le poids de sa splendeur et sombre inexorablement, un déclin accéléré par la grande peste de 1630, puis par la perte de l'île de Candie, la lointaine et merveilleuse Crête conquise par les Ottomans.

Là où se joue le sort d'une petite fille juive, née Elisheva dans une famille aisée du ghetto de Venise. Sauvée par son gondolier des ravages de la peste, elle est adoptée par une famille de notables vénitiens. Devenue une jeune chrétienne baptisée Angelina, elle participera alors à la vie fastueuse de la "Sérénissime". Elle tombera amoureuse d'un jeune colonel corse commandant un régiment de mercenaires à la solde des Doges de Venise, et connaîtra à son tour les drames de la séparation et de la guerre. Malgré tout, elle gardera l'espoir de revoir son Francesco, disparu en mer au cours de la retraite des Vénitiens qui venaient d'évacuer Candie. Son amour sera-t-il le plus fort ?

La trame de ce roman d'amour se tisse au long des jours de cette Venise du XVIIe siècle, la période des derniers feux de sa grandeur, puis de sa décadence. Elle est donc faite des multiples événements de la vie quotidienne, des multiples occupations et loisirs de la population ; ceux du petit peuple, des juifs du ghetto, des pêcheurs, des marchands, des marins, et aussi des bourgeois et des nobles. Venise, dont la puissance est bien entamée, change de visage et de destin ; elle se prépare à devenir cette ville posée sur l'eau, unique au monde, non seulement par sa situation et son urbanisme, mais aussi par son art de vivre et ses traditions, et elle a conservé toute son aura romantique, à en juger par la foule des visiteurs et des touristes qui s'y pressent, en quête du dépaysement et le coeur plein de nostalgie...

"Le gondolier d'Elisheva", c'est une fresque particulièrement colorée et romanesque, où les émotions et les sentiments s'expriment avec force et s'inscrivent dans un contexte historique fidèlement reconstitué...

 


La saga des Mogliano

Cette saga est issue d'un ensemble de quatre livres retraçant au fil des jours et des événements imposés par la grande histoire, de 1880 à 1945, le destin et l'ascension sociale d'une famille piémontaise, les Mogliano, aux origines modestes et ayant émigré à Nice au début de la Belle Époque.

Issue des amours d'un ouvrier bourrelier, Eligio, et d'une superbe fille d'aubergiste, Agnès, la "Casa Mogliano" est ainsi devenue une des familles bourgeoises les plus en vue et une des plus représentatives de ce qu'a été la vie traditionnelle si riche de particularités dans l'ancien Comté de Nice.

Le récit de cette saga permet également, à travers les péripéties et les aventures de la vie courante que traversent les membres de la famille, de suivre l'histoire de la ville et de sa région, son évolution d'avant et après les deux guerres, marquant ainsi les étapes de la transformation de Nice en grande métropole touristique et culturelle.

Alfred Hart a obtenu le Grand Prix Littéraire de la ville de Nice "L'Aigle d'Or" pour l'ensemble de son oeuvre.


"La porte fausse"

Résumé

La Porte Fausse, à Nice, c'est le passage entre la vieille ville étroite et sale, où vivent les travailleurs immigrés du XIXe siècle, les Piémontais, et la nouvelle ville, avec son boulevard qui n'est pas encore "des Anglais", les beaux hôtels, le Casino.

Premier livre de la saga, publié chez Maren Sell, il raconte la vie d'Agnès, superbe rousse aux yeux verts, dont la vie commence et finit comme un conte de fées. Après bien de soubresauts, la fille de l'aubergiste devient la compagne adorée d'un richissime hôtelier suisse ....

Agnès, belle, intelligente, obstinée, se libère de son couple, de sa médiocrité. Elle franchit la Porte Fausse. Et c'est ainsi que l'auteur laisse entrevoir pour son héroïne, un destin aussi flamboyant que sa chevelure.

Dans sa jeunesse, au Piémont, elle a épousé Eligio, un jeune homme dont le modeste rêve était d'être patron cocher de fiacre. Avec lui, elle aura deux enfants, Catherine et François, et connaîtra une double vie partagée entre sa tendresse pour les siens et ses aspirations à une vie différente convenant mieux à ses goûts.

Le parcours du jeune couple fait revivre l'histoire de deux grandes ville - Turin et Nice - dont les passés communs dans le duché, puis royaume, du Piémont, ont été séparés par la naissance du royaume d'Italie. Turin, ville jadis royale, perd son rôle de capitale et Nice devient une des villes les plus importantes de France.

Saga d'une famille déracinée, écartelée entre les ambitions de la trop jolie jeune femme et les blocages du mari, malade, perdu, inadaptable à cette nouvelle langue, à cette époque frivole qui l'effraie, attaché qu'il est à des valeurs sûres : la maison, les enfants, la cuisine du pays.

Autour d'Agnès et Eligio, le monde bascule : mort de Gambetta, coup d'État du général Boulanger, épidémie mortelle d'influenza, construction du chemin de fer qui ruine le voiturier Eligio.

On y découvre aussi, tour à tour, us et coutumes d'autrefois, atmosphère de chevaux et de cuir, vendanges villageoises, vie du petit peuple industrieux de Turin, commerçants du Vieux Nice, aux ruelles d'ombre et de lumière, parfumées des senteurs de la célèbre cuisine et les nouveaux quartiers aux villas somptueuses, aux jardins de rêve, aux beaux hôtels, aux riches hivernants.

Carnavals, bals, fêtes brillantes pour les uns y alternent avec la dureté des temps pour les autres....

 

Extraits du dossier de presse

Libération - mercredi 10 septembre 1986

"Il monte de ce livre une odeur de chevaux et de poivrons grillés, un parfum de femmes à la toilette et de meringues au zabaione,un bruit de grelots et de pluie sur les capotes de cuir, des refrains de Donizetti et des silences de neige.

Une fiction réelle, où l'histoire vraie d'une ascension sociale - bien sûr - s'appuie sur une étude de l'émigration piémontaise et du "boom" de la Riviera, de la misère et des cercles dorés, de la qualité d'une avoine et d'un taffetas, de la maigreur des salaires et de la farce onctueuse des véritables raviolis (ne pas manquer la recette, p. 165).

Héros et héroïne existèrent vraiment : Eligio était une "tête verte" de Moncucco, quitté à dix-neuf ans par la patache de Turin. Agnès la rousse de Mondovi', bourgade célèbre pour ses baci, baisers de chocolat. Avec son fouet de micocoulier et ses attelages aux crins brillants, il représente, en cette fin de siècle, l'attachement au passé. Tendue vers les cristaux des villes, les courses et les bals, elle tremble d'avenir. Comment franchir la Porte fausse, cette poterne qui séparait à Nice la vieille ville obscure du nouveau monde de la place Masséna et des grands hôtels cramoisis ? Agnès Agnès se sauva, avec ses yeux ouverts pour fortune. "

 

Le Progrès - Lundi 27 octobre 1986 -

"Eligio, petit bourrelier, quitte son village natal de Moncucco à 19 ans en caressant le rêve de devenir cocher propriétaire à Turin. Son amour pour les chevaux l'enferme délibérément dans un monde passéiste. Par son attitude, de si faible ambition, il se ferme la porte de la révolution industrielle qui se prépare. Sa rencontre avec la simple et belle Agnès est un choc. De leur désir de s'exiler à Nice pour réussir leur vie, à l'image de nombreux Piémontais qui ont tenté le même parcours, pourrait naître leur vrai et premier grand départ. L'intelligence et l'obstination à réussir d'Agnès, sont à la hauteur de son "utile" beauté. De ce fait elle connaîtra une vie constellée de cercles bourgeois dorés et de toilettes. En franchissant définitivement la "Fausse porte", symbole de la fracture entre un monde de misère et un autre nouveau plein de luminosité et de richesses, elle pourra désormais vivre sa vie avec éclat.

La "Porte fausse", publié chez Maren Selle & Cie, est certainement un livre riche et souple qui nous plonge au coeur même de la vie piémontaise et niçoise de cette fin du XIXe siècle. L'auteur nous révèle alors les moeurs, la condition humaine, la pratique religieuse et réalise une immense chronique de l'époque. Son étude sociologique et ethnographique est remarquable de précision et de détails à la manière de celles de Zola.

Pour celui-ci violence des mots et des situations traduisant souvent la déchéance humaine. Dans la "Porte Fausse" de Hart se sont substitués simplicité du propos, chaleur et aussi douceur des images. Et c'est sur fond de sentiments généreux que sont dépeintes pauvreté et vie dorée et facile "bourgeoisie". Alfred Hart aura réussi au travers de son livre à faire une entrée remarquée et spectaculaire dans le monde de la littérature. Un travail d'écrivain d'un très grand savoir faire."

 

René VIGO - L'Actualité Littéraire - 16 septembre 1986 -

"L'action minutieusement conduite dans une langue chaleureuse, avec un sens inné du petit détail vrai, utilement significatif se déroule d'abord en Italie du Nord. On s'attache à Eligio d'origine paysanne, blondeur lumineuse, finesse râblée, regard brun serti de noir. L'adolescent veut être bourrelier puis cocher.

On suit Eligio à Turin, chez les Casale, dans une odeur de cuir et de crins. La forge, le magasin, la patronne, une belle femme bien plantée au visage de Florentine du Quattrocento, sont traités avec un réalisme conquérant qui crée le climat, l'authenticité.

On devine que la captivante Maria au sourire éclatant va entraîner Eligio dans une singulière aventure. Dans le souvenir de cette fille étrange, flottent la pâleur et les yeux éperdus de sa soeur Rosina dont le sang s'écoulait, sans remède pour avoir charnellement aimé. Maria existe, se dérobe, entretien la frustration du mâle, triche, promet une folle soirée la veille de son mariage avec un autre. Astucieuse Maria qui tient parole d'une certaine manière et laisse le garçon à la fois comblé et déçu, si loin des maisons aux toits rouges et du moulin à huile de son bourg natal !

Un travail sérieux, accompli dans le tourbillon de la vie, et quelques aventures occupent l'existence d'Eligio. De jeunes femmes illustrent une éducation sentimentale : Giulietta impudique et frigide, Dorina, en mal d'enfants. Dans un bal champêtre, Eligio ressent le coup de foudre pour Agnès, splendide rousse aux immenses yeux verts, et il sait qu'elle est la femme de sa vie. Ambitieuse, Agnès impose des conditions. Eligio cède et, rompt avec Catlina, veuve appétissante mais possessive.

On est haletant. Avec les jours, Eligio subvient à peine aux besoins d'Agnès devenue coquette sous l'influence de Pippa, si jolie, d'Agnès qui s'attarde volontiers dans l'atelier de Roberto, un artiste peintre. D'autres rencontres la troublent. Curieuse Agnès ! Elle affiche sa jeunesse moqueuse et sa drôlerie, à la faveur d'une double existence.

La mélancolie naturelle d'Eligio vire au gris. Ses nuits crèvent comme des bulles de savon. Il passe néanmoins de la table au lit avec l'aguichante Clorinda, tandis qu'Agnès songe à Alfredo. Au couple tourmenté par des orages, Nice offre l'atmosphère tumultueuse des attelages chez Maiffret et sa rue Cassini où des hommes suivent "la belle rousse"...

Agnès couve son deuxième petit. On déménage. Un bal costumé s'ouvre sur une atmosphère froufroutante et parfumée. Jean Wagner surgit, bouleverse Agnès. Eligio glisse doucement vers l'oubli de tout. Une main secourable se tend vers Agnès....

Roman solide, chargé de joies et de larmes. On attend avec intérêt les nouvelle intrigues d'une Agnès meurtrie, exigeante et belle."

"La porte fausse" a obtenu le "Prix littéraire des lectrice de Elle".


"La Ginestière"

Résumé

Dans le second livre, édité chez Maren Sell & Cie, l'amour et la fortune sont au rendez-vous. Agnès, veuve d'Eligio, est maintenant la maîtresse d'un richissime hôtelier suisse, Jean Wagner, homme de goût et de culture. Elle connaît d'abord les fastes du palace de la Maloya, où le Gotha se côtoie dans les neiges de l'Egandine, non loin des promenades chères à Nietzsche, au bord du lac de Silz. Trop méditerranéenne pour s'y plaire, Agnès préfère retourner à Nice où Jean s'installe somptueusement et vient l'y rejoindre à la fin de la saison pour y passer l'hiver.

Profondément amoureux, Jean voudrait l'épouser mais ne le peut pas. Marié à une femme devenue folle et internée en Suisse, la loi ne lui permet pas de divorcer. Le caractère entier d'Agnès s'accommode mal de cette situation. Laissée seule à nouveau pour une nouvelle saison, et malgré son amour pour Jean, Agnès s'étourdit et vit à grandes guides : Monaco, roulette folle, amitiés russes, tables tournantes, pertes au jeu, amours coupables.... Jean, généreux, intelligent et compréhensif, pardonne. La tempête passée vient la joie de l'achat d'une superbe maison de campagne sur les collines niçoises, "La Ginestière", où l'âme de la famille s'épanouit dans un art de vivre et un bonheur total. Musique, jardinage, lectures, cuisine - joies simples ou raffinées -, les enfants grandissent et s'épanouissent dans un enchantement permanent.

Après l'inoubliable Exposition Universelle de 1900, François, le fils, devient carabin au Quartier Latin. Il y découvre le progrès et la fraternité maçonnique. Catherine, musicienne de premier ordre, s'éprend d'un violoncelliste virtuose, Fred, qui sera l'unique homme de sa vie...

Mariage de François, devenu chirurgien-dentiste à Nice, avec une lorraine, moderne et émancipée, qui s'intègre mal à la famille.... Naissance d'une fille, Giotta, qui remplit de gaieté "La Ginestière"...

La guerre de 14 pulvérise à jamais ces bonheurs tranquilles et cette manière de vivre. Après la victoire, la fortune de Jean s'est évanouie, le mariage de François disloqué... Il faut réapprendre à vivre. La famille ébranlée se reforme, la vie reprend, autrement....

 

 

Extraits du dossier de presse

 

S.L. - Reims - L'UNION - 28 mars 1988 -

"Ce second livre, édité chez Maren Sell & Cie, retrace dans le détail la rapide mutation sociale d'une femme magnifique, gaie, amusante, et qui restera profondément attachée à ses racines populaires. L'histoire d'Agnès, c'est aussi celle de son fils François et de Nina sa fille, et surtout d'une époque, la fin du XIXe siècle, décrite avec une minutie qui force l'admiration.

Au-delà de cette histoire, cette fresque romanesque est l'aboutissement d'un formidable travail de recherche réalisé par l'auteur. Fasciné par la vie d'Agnès, devenue l'amie fidèle de sa grand-mère, Alfred Hart avait toujours caressé l'espoir de retracer avec fidélité son histoire ainsi que celle de ses enfants. Il aura fallu six ans de recherches pour retrouver toutes les archives, les courriers, pour voyager sur les lieux mêmes que fréquentèrent en leur temps Agnès, Jean et les autres. Aucun détail ne manque. Les anecdotes sont authentiques et l'histoire est superbe tant par sa précision que par ses rebondissements. Le haut fonctionnaire s'est lancé dans l'écriture avec une incontestable réussite. Il vous répondra que, de son expérience de secrétaire de Roger Martin du Gard, il a retenu la méthode de travail et le goût pour l'écriture qui lui sont aujourd'hui bien utiles."

 

Geneviève Van Lede - Le Méridional - 28 février 1988 -

"L'époque : nous assistons aux derniers soubresaut d'une Europe qui se meurt lentement. Le cadre : un temps révolu, Nice durant la Belle Époque. Il monte de cet ouvrage des odeurs de chevaux et de cuisine italienne, d'agréables parfums de fleurs et de mer. Nissa La Bella vibre aux martèlements des sabots sur les vieux pavés de la ville, au rythme des fêtes endiablées organisées par les gens du gotha et des folles soirées du casino. On imagine aisément le marché, non loin de la rue Masséna, le froissement du tissu des toilettes de ces dames de la haute bourgeoisie, se promenant sur la Promenade des Anglais. Nice respire, vit...

Agnès, belle jeune femme à la toison flamboyante se retrouve veuve d'Eligio Mogliano et mère de deux enfants, Catherine et François. Tragique histoire, me direz-vous ? Certainement pas. Agnès est de cette race de femme qui ne s'avoue jamais vaincue. Et le désir de vivre est le plus fort, malgré tout. Passionnée, ardente, elle découvre l'amour avec Jean Wagner, directeur d'hôtel en Suisse. Grâce à lui, elle accède à une vie qui la met désormais à l'abri de tout besoin matériel. "A trente-trois ans, par amour et quelques mois seulement de son veuvage, Agnès devenait rentière. Elle entrait en bourgeoisie". Dans ce contexte de joies et de plaisirs faciles, elle subit la passion du jeu. Enivrante, dévorante, elle prend goût à cette nouvelle vie. Agnès perd, Agnès gagne. Volage, elle connaîtra de folles nuits dans les bras du bel Adolfo. Cette aventure sans lendemain se terminera par la disparition tragique de son amant. Meurtrie mais soulagée, elle retrouve Jean, l'homme de sa vie. "Ainsi passaient les jours, les mois, les années. "..." Tenace, Jean n'abandonnait pas le rêve d'Agnès : sa maison d'été sur les collines". Ainsi vit le jour la"Ginestière".

Aux longues années de bonheur succèdent des moments d'incertitude. Devenu chirurgien dentiste, François épouse Marceline, une jeune fille cultivée, en totale rupture avec les moeurs traditionnelles de l'époque. Éclate alors la première guerre mondiale. François part au front. A son retour, les temps ont bien changé. Sa femme le quitte pour vivre avec Betty.

Cette période marque la fin d'une façon de vivre, de toute une époque. Les années ne semblent pas avoir altéré la beauté d'Agnès. Nice renaît de ses cendres. La vie reprend son rythme calme et paisible...

Alfred Hart ressemble énormément aux personnages qu'il peint dans ses romans : sensibles, raffinés, et rêveurs...

Chez lui, les mots ne sont plus mots mais caresses de l'esprit. Incantations. Invitations aux voyages. Dans ce roman c'est une part de lui-même qu'il nous livre. Résolu, il a la force d'aller jusqu'au bout de se combats intérieurs."

Raoul MILLE

"[...]Mais le talent d'Alfred Hart se déploie essentiellement par le récit, au jour le jour dirait-on, de cette famille bourgeoise d'avant la guerre de 14. La famille entière se retrouve à la Ginestière, la villa achetée sur les collines. Les hommes en cotonnade se retrouvent, le soir, sous l'immense tonnelle : "Chacun descendait alors des chambres, abandonnait les chaises longues, et le mouvement renaissait du semblant de fraîcheur, de l'approche des bonnes odeurs d'herbes dans la luminosité du soir".

Aux odeurs d'herbes viennent s'ajouter, vous donnant l'eau à la bouche, les parfums d'une cuisine ancrée dans la tradition et les beaux produits naturels du jardin. La vraie salade niçoise aux filets d'anchois, les poivrons au four, les légumes farcis : courgettes, tomates, aubergines ; la pissaladière, la ratatouille aux quatre légumes cuits, chacun séparément, dans son poêlon ; la daube à la Niçoise, les caillettes, la poche de veau farcie.

Chacun dans la famille, a son plat préféré. Agnès et son fils François aiment les tagliatelle avec la sauce en daube ; Marceline, la jeune épouse de François, les gnocchis au beurre et au fromage ; Fred préfère les spaghettis au simple coulis de tomates rehaussé de basilic.

L'été s'écoule doucement, rythmé par la lecture des journaux et l'heure des repas, la sieste, la conversation, les travaux ménagers et le marché. Dès les premières pluies d'octobre, tout le monde "redescend" à Nice. On s'installe pour l'hiver dans les beaux appartements du centre ville flambant neufs. Agnès et les siens logent rue Masséna, au carrefour Magenta. Il faut un peu de temps à Agnès qui vient de la vielle ville pour s'habituer. Au début, elle se méfie : "Les différences sociales se faisaient déjà sentir, imposant des usages, des manières, des ronds de jambe, un peu talon rouge, dont Agnès n'avait pas le goût. Bien vite cependant, elle s'aperçut que la vie populaire existait à l'arrière des façades cossues des boutiques de luxe."

Le bonheur ? Pas tout à fait. Les ennuis arrivent avec Marceline, la femme de François. Marceline étouffe dans ce milieu trop traditionnel. La vie niçoise lui paraît étriquée. Elle a besoin de respirer, de vivre à l'image des nouveaux vêtements qu'elle se met à porter : "La saison prochaine, dit-elle, toutes les femmes comme nous porteront des porte-jarretelles pour tenir leurs bas, c'est une petite ceinture que l'on met à même la peau, puisqu'on n'a plus de corset ! (...) C'est comme ces nouveaux soutiens-gorge. Comme on dit à Paris, une merveille pour nos seins : "Ils contiennent les forts, soutiennent les faibles et ramènent les égarés".

Le soutien-gorge et le porte-jarretelles passent encore, mais voilà que Marceline se met à fréquenter le milieu littéraire de la Villa de Cessole où elle côtoie des femmes de lettres qui préfèrent jouer entre elles plutôt que se fourvoyer avec la gent masculine. C'est du propre ! Ainsi Marceline connaîtra Betty et quittera définitivement François. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la guerre de 1914 éclate par un bel après-midi du mois d'août. Les hôtels de la Promenades des Anglais deviennent des hôpitaux. On réduit l'éclairage public. Les magasins ferment à six heures. Le charbon devient rare et "L'Éclaireur" publie la liste des enfants du pays tombés au champ d'honneur.

Je ne vous en dirai pas plus. Il faut découvrir ce deuxième tome de l'épopée niçoise d'Alfred Hart, bourrée de détails qui raviront les Niçois de souche, mais aussi ceux du coeur, curieux de découvrir l'âme, à travers l'histoire et le temps, de leur ville préférée."

"La Ginestière" a obtenu le Grand Prix Littéraire des 100 ans de la Côte d'Azur

 

 

"Giotta"

Résumé

Le troisième livre, édité chez Maren Sell & Cie, marque le début d'une nouvelle époque. Agnès et sa beauté, Jean et sa culture, appartiennent déjà au passé. Giotta, leur petite-fille, est à la charnière de deux mondes. Son histoire sera celle d'une jeune fille éprise de liberté qui va essayer d'ouvrir ses ailes dans une société encore engluée dans des traditions bourgeoises d'un autre âge ; folle époque, vie partagée entre une morale conventionnelle et un désir farouche de liberté.

La mère de Giotta, divorcée de François, garçonne et anticonformiste, libérée depuis longtemps des conventions, ouvre avec son amie Betty une maison de couture à Paris, rue Duphot, au-dessus de chez Prunier. Giotta partage sa vie entre Nice et Paris ; années folles, le charleston dansé au-dessus d'un volcan, amours tragiques, montée des périls, crise de 29, fascisme, nazisme, guerre d'Espagne...

La Ginestière et son art de vivre sont devenus des paradis perdus. François, remarié, haut dignitaire maçon, sent s'approcher la tourmente. Giotta, après une expérience malheureuse de fiançailles, découvre enfin l'amour, le vrai celui-là pense-t-elle, à Vienne, avec un jeune médecin idéaliste. La guerre d'Espagne le lui enlève. Il ne restera de son amour disparu qu'une dernière lettre écrite dans les ruines de Téruel...

Un nouvel enfant, Charles, petit-fils orphelin d'une vieille dame amie d'Agnès, est adopté par la famille et lui apporte un peu de gaieté et de sang neuf. Mais la guerre revient, drôle d'abord, comme si une guerre pouvait jamais être drôle, tragique très vite, balayant les derniers moment de joie de vivre. Invasion, bataille des Alpes, arrivée des Italiens, armistice, zone occupée, zone libre... Nice est intacte mais la famille pleure la défaite et la mort de Fred, compagnon tendre et fidèle de Catherine.

 

Extraits du dossier de presse

 

Madame FIGARO - Bruno de Cessole - Avril 1989 -

"Nous sommes toujours à Nice, mais les temps ont changé. En 1924, Giotta, âgée de 17 ans, est une jeune fille de bonne famille partagée entre une morale conventionnelle et son désir de liberté.

Elle va connaître un destin tumultueux. Adolescente, elle assiste à l'éclosion d'une maison de couture, faubourg Saint-Honoré, tenue par un couple de femmes dont l'une est sa mère. Elle rencontre Kiki de Montparnasse, Man Ray et la faune parisienne qui danse le charleston sur un volcan. Les gouvernements se succèdent, le chômage augmente, la crise économique déstabilise l'Europe, et de redoutables "sauveurs" apparaissent en Allemagne et en Italie.

Après avoir découvert la sensualité avec un bel Argentin, elle se jette dans les bras d'un blond et riche Normand qu'elle suit dans les bois ensorcelés de la Brenne. L'homme se tue. Elle retourne à Nice. Le ciel de l'Europe s'assombrit. Giotta continue à rêver.

Le plus remarquable dans ce roman c'est que chaque détail est étayé par une somme impressionnante d'érudition historique mais que celle-ci n'entrave jamais la liberté et l'imagination du romancier".

 

Raoul NATIEZ - Sourgentin Magazine - Septembre-Octobre 1989 -

"Après Agnès de La porte fausse et Nina de La Ginestière, voici Giotta. Trois romans. Trois femmes qui en occupent le centre. Ce qui est déjà en soit un fait intéressant et qui demanderait réflexion et développement. Cette fois la femme échappe à la morale de sa famille pour exprimer, sans révolte superflue et spectaculaire, son besoin de liberté. C'est le temps de "la garçonne" et du charleston...C'est aussi le temps de la montée des périls durant l'entre deux guerres, l'époque des insouciances masquant les inquiétudes et les angoisses. Le fait-divers se mêle à la grande nouvelle, à l'événement ; la minutie des détails de mode, fanfreluches et paillettes côtoient les petits et les grands mensonges que l'on fait à Agnès gravement malade ; la quiétude, le refuge de la Ginestière cohabite avec les trépidations parisiennes... Et il se dégage une impression de vérité, de réel associant le banal à l'extraordinaire, le dérisoire à l'essentiel.

Cet ouvrage est davantage un journal car l'auteur laisse percer sous sa plume une extraordinaire passion de recherche. L'ensemble de ses découvertes assemblées dans une trame romanesque souvent sans surprise aboutissent à un genre littéraire qui nous tient éloignés, fort heureusement, des "best-sellers" américains, des Judith Krantz et Danille Steel."


"Le pont du Var"

Résumé

Dernier livre de la saga, publié par la maison d'édition PAYOT, raconte la vie de la famille déchirée entre Nice et Paris, sous l'État Français de Vichy, jusqu'à la victoire finale.

Pour les niçois, comme la "Porte fausse" symbolise le passage de la vieille ville à la ville nouvelle, Le Pont du Var symbolise le cordon ombilical qui, par dessus les eaux, relie Nice à La France. Ses destructions, ses réparations et sa tombée finale dans le fleuve marquent les étapes de ces quatre années terribles, années de la débrouillardise d'abord, de la terreur ensuite avec l'arrivée des troupes allemandes traquant les réfugiés.

Au début, pour Giotta et le Petit Charles, c'est la fréquentation du Tout-Paris en exile, déambulant dans Nice et faisant du Cintra son quartier général, le temps de la zone occupée vue de la zone libre. Avec l'arrivée des troupes italiennes, c'est le retour au calme et pour Giotta un nouvel - pense-t-elle - définitif amour : un ami très cher de son père, colonel au régiment du Piémont-Réal, violemment antifasciste.

Mais un drame bouleverse le fragile équilibre qui s'était installé à Nice sous l'occupation italienne. L'annonce, quelques jours trop tôt, par Eisenhower, de l'armistice avec l'Italie, est une catastrophe. Les allemands franchissent le Pont du Var, les Italiens s'enfuient, les juifs réfugiés sont pris au piège. Giotta et Charles participent activement au sauvetage des Israélites. Mais le drame est partout, jusque dans l'arrière-pays et au Piémont où le piège se referme sur ceux qui se croyaient sauvés.

Réfractaire au S.T.O., Charles se cache à Paris où il poursuit tant bien que mal des études brillantes. A Nice les Allemands se déchaînent ; ils font évacuer les immeubles du front de mer et veulent transformer le Château qui domine la veille ville en forteresse ! Seul le temps leur manque pour transformer la Baie des Anges en mur de l'Atlantique bis.... Chaque fois détruit, le Pont du Var fonctionne encore puis disparaît un jour dans le fleuve.

Au milieu de la tourmente la famille Mogliano survit comme elle peut, portée à bout de bras par Giotta qui lutte de toutes ses forces contre les privations et les découragements, aidant les uns, cachant les autres...

.....Débarquement en Normandie, bombardement de Nice, libération de Paris, à laquelle Charles - Lieutenant FFI - participe activement, retrait des Allemands, arrivée des Américains.... La famille Mogliano se regroupe enfin et recommence à vivre.

Charles épouse une ravissante jeune fille, rencontrée par hasard et qui se révèle être une petite fille naturelle d'Eligio, le fondateur, presque un siècle plus tôt, de la dynastie Mogliano.

Giotta leur remet la pièce d'or, le talisman du bonheur, que lui avait transmise Agnès, la belle rousse aux yeux verts...

Extraits du dossier de Presse

J.M. TRONCHON - Nice-Matin -

"Charles, réfractaire au STO, se cache à Paris, partagé entre ses études et les bras de la belle Madeleine. Bien sûr, il s'agit de l'auteur lui-même qui a voulu faire, ici encore, un livre de mémoire. Une histoire de fidélité. Histoire de dire avant tout la réalité d'une époque tragique où les Niçois vivaient d'espoir : il faut parfois toucher le fond pour refaire surface. Temps où le libre arbitre disparu, la culture-refuge nourrissait l'esprit si le corps avait faim.

A Nice, Giotta et Charles son frère, rencontrent le Tout-Paris en exil. Chez le libraire Lapeyre paraît Martin du Gard, fort occupé à mettre en fiches ses romans-fleuves. Avec l'arrivée des troupes italiennes c'est un certain retour au calme. Mais l'annonce quelques jours trop tôt de l'armistice avec l'Italie bouleverse le fragile équilibre. Les Allemands franchissent le pont du Var, ce cordon ombilical reliant Nice à la France.

Alfred Hart retrace le calvaire des Juifs réfugiés sur la Côte d'Azur et pris au piège. Giotta et Charles participent activement à leur sauvetage. Plus d'un millier d'hommes, femmes, enfants réussiront à passer de Saint-Martin-Vésubie en Italie à travers les montagnes. Mais les nazis à leurs trousses feront, hélas, de nombreuses victimes. L'auteur n'a rien oublié de ces moments écrits en lettres de sang et de larmes dans l'histoire d'un peuple. Il a gardé longtemps dans le couvercle de sa montre le morceau de lorgnon d'un homme abattu à Nice par les SS devant le Cecil Hôtel.

Dernières heures de la guerre : les rafles partout, dans les gares, les rues, les restaurants, les autocars. La Jetée-Promenade démolie, les blockhaus, les bombardements. Les "pères tranquilles" qui ne l'étaient pas tous. Certains risquaient leur vie chaque nuit. Collabos, trafiquants, grands héros de la Résistance, petits héros de chaque jour, occupants, victimes innocentes se côtoyaient, s'observaient un peu, se taisaient beaucoup. Et parmi les horreurs, en coulisses, les tortures, fusillades, pendaisons et exécutions sommaires d'otages.

Comme La Porte Fausse, La Ginestière et Giotta, Le Pont du Var, roman hyperdocumenté, se lit d'un trait. On retrouve dans ces pages pleines de sève bien des noms inconnus et d'autres à peine dissimulés sous le pseudonyme. D'ascendance flamande (son arrière grand-père fut maire de Dunkerque), Alfred Hart, homme du Nord de formation méditerranéenne, porte en lui l'empreinte indélébile de Nice. Entré tard en littérature, ce romancier de caractère et de talent écrit avec son coeur. Voilà pourquoi ses Mogliano nous sont proches.

Le Pont du Var c'est presque des mémoires, presque une biographie. Dans les liens du miracle... Capturé en franchissant clandestinement la ligne de démarcation, l'auteur fut sauvé par un officier allemand qui lui posa un casque sur la tête en lui montrant une photo de son fils tué à Stalingrad. Il lui ressemblait comme un double.

"On n'a pas le droit d'oublier, après la rafle du Val d'Hiv. La Côte d'Azur est l'endroit où après Paris, furent commises le plus d'exactions..." dit Alfred Hart.

A la libération débute une autre histoire. Jadis, naguère et le bel aujourd'hui se rejoignent. Venus du Piémont à Nice vers la fin de l'autre siècle, les Mogliano rentrent en eux-mêmes".

 

Ernest Hildesheimer - Nice Historique - Organe Officiel de l'Academia Nissarda -

"Poursuivant la série des "Mogliano", ces descendants d'un artisan bourrelier venu du Piémont avec sa femme Agnès en 1881, Alfred Hart publie, chez Payot, le quatrième et dernier volume concernant la période 1940-48. Nous retrouvons les visages rencontrés dans le livre précédent, Giotta, et tout particulièrement le fils adoptif du dentiste François Mogliano, ce jeune Charles chez qui nous découvrons une personnalité bien proche de celle de l'auteur.

Avec le pouvoir d'évocation qui lui est propre, Alfred Hart fait revivre la douloureuse époque qui suivit l'armistice de juin 1940 jusqu'à la Libération en 1944-45. Nice et Paris, la ligne de démarcation, les difficiles voyages en chemin de fer servent de cadre au récit ; le talent du romancier s'unit à la précision de l'historien et le lecteur suit des épisodes successifs du récit sans un moment de lassitude.

L'atmosphère particulière de ces années tragiques est rendue avec tant de vérité que ceux qui les ont vécues s'y croient transportés de nouveau. Nous ne pouvons en quelques lignes donner une idée complète de l'ouvrage. Force nous est de nous limiter à quelques exemples.

Et d'abord les difficultés alimentaires et la pénurie des marchés niçois : "Le matin, dès sept heures, elle (Julia) parcourait les allées du marché du cours Saleya. Elle y trouvait de moins en moins de choses. Les tractations se déroulaient loin des étals, au fond des arrières-boutiques, et parfois même dans certains estaminets de la vielle ville pourvus souvent d'une double sortie. Au début, elle avait eu très peur de s'y glisser, mais peu à peu elle y avait pris ses habitudes. Un ex-crémier de la rue Droite lui vendait du poisson, un garçon boucher des oeufs, et un ancien cocher, ami de François, des conserves de thon et des boîtes de sardines. Le tout au prix fort et avec de grands mercis de la part de Julia."

L'affreuse chasse aux Juifs dont Nice fut le témoin atterré après l'arrivée des troupes allemandes en septembre 1943 est relatée de façon saisissante : "Le commando dirigé par Brunner, fort d'une quarantaine d'hommes appuyés par un groupe de miliciens et d'agents du P.P.F. arriva à Nice le 10 aux premières heures du jour. Ils installèrent leur quartier général à la synagogue pour organiser le tri de la grande rafle à laquelle ils allaient s'adonner. Celle-ci fut scientifiquement organisée en utilisant à la fois les renseignements fournis par la délation et les livres de police des hôtels et garnis. S'y ajoutèrent les contrôles effectués au hasard dans les rues, les endroits publics, les magasins, les cinémas, grâce à une équipe de physionomistes habitués à détecter l'homme, la femme et l'enfant de race juive. Les rafles s'étendirent jusqu'aux hôpitaux, aux cliniques, aux hospices. La villa Jacob, l'hôpital Saint-Roch, la clinique Saint-Antoine, l'hospice des vieillards furent perquisitionnés. Même l'église Saint-Pierre-d'Arène et celle du port furent inspectées".

La fuite de ces malheureux vers l'Italie par Saint-Martin-Vésubie et le col des Fenestres est raconté de manière saisissante. Page d'histoire à ne pas oublier si l'on veut éviter le retour de pareilles horreurs !

Au cours du récit des figures connues apparaissent, que les Niçois salueront avec plaisir, telles le libraire Lapeyre ou le docteur Rosanoff ou encore l'illustre romancier Martin du Gard.

La suite des Mogliano est digne de prendre place sur les rayons de nos bibliothèques parmi les grandes collections qui retracent la vie du pays niçois dans ses heures sombre comme dans ses heures joyeuses suivant le cours variable et heurté de la grande et de la petite histoire."

 


Épilogue

En 1962, Charles fait naufrage au large de Montevideo en compagnie de l'abbé Pierre. Restant quatre heures et demi dans l'eau glacée de la mer australe, il se promet - s'il en réchappe - de raconter la vie authentique de la famille Mogliano.

Sauvé par la marine argentine, il a écrit les quatre livres qui ont inspiré cette saga.


L'alcôve du Cardinal

Résumé

Nous sommes en 1658 à Turin, au château du Valentino. Dans une ambiance survoltée se préparent les fiançailles de la princesse Marguerite avec le jeune rois Louis XIV. La cour savoyarde doit se rendre à Lyon pour y rejoindre la cour de France. Mais ni les fiançailles ni le mariage ne se feront car le cardinal Mazarin s'y opposera. La guerre entre la France et l'Espagne n'a que trop duré et il est vital de parvenir à unir Louis XIV et l'Infante Marie-Thérèse pour restaurer la paix entre les deux pays.

Sylvio Socini est un jeune Piémontais, attaché à la cour du duc de Savoie, Charles-Emmanuel II. Écuyer de sa fille, la princesse Marguerite, il s'acquitte avec bonheur de ses fonctions tout en rêvant d'un horizon plus large que les remparts de Turin. Grâce à l'entregent de son oncle, le chanoine Socini, lié au cardinal Mazarin, il va pouvoir réaliser son rêve : gagner la France et prendre du service auprès du puissant ministre. A Paris, Sylvio découvre les plaisirs et les embarras d'une grande capitale, la vie quotidienne de la cour de France, les intrigues politiques et les jeux de l'amour.

A Paris Sylvio rencontre Françoise, fille d'une mercière du palais. Elle sera l'amour de sa vie. Puis il accompagnera le cardinal et la cour dans une grande chevauchée jusqu'aux Pyrénées, où sera signée la paix avec l'Espagne.

Chez le cardinal Mazarin il découvre l'homme de paix embrassant d'immenses projets diplomatiques, politiques et militaires, mais aussi l'homme d'argent, amassant la plus grande fortune de France et l'épicurien raffiné, amateur de parfums épicés et de mets succulents. Sylvio restera aux côtés de Mazarin jusqu'à la mort de celui-ci, dans l'alcôve du château de Vincennes, en 1661.

 

Extraits du dossier de Presse

 

A. BROHAN - La République des Pyrénées - 6 août 1994 -

"Les grands romans, ceux qui défient le temps et passionnent les générations sont souvent si étroitement associés à l'histoire qu'on aurait du mal à distinguer - si on le tentait - le réel de l'imaginaire. En fait, on ne le tente pas : on se laisse prendre insensiblement, les personnages suscitent notre sympathie et leurs aventures deviennent les nôtres : qui ne s'est senti une âme de mousquetaire après avoir lu Alexandre Dumas ? C'est dans cette perspective que s'inscrit "L'alcôve du Cardinal". Lle fascinant Mazarin : homme d'État plus encore qu'homme d'Église arrangeant les mariages des rois, embrassant d'immenses projets diplomatiques, politiques et militaires ; homme d'argent aussi et épicurien raffiné de surcroît.

Plus riche encore que la télévision qui fait, devant nos yeux, se succéder si vite les images, le grand roman tel celui-ci ne cesse de déployer derrière ses personnages une fascinante toile de fond, évocation de décors changeants, souvent somptueux où "les couleurs, les parfums et les sons se répondent", où les fastes des époques disparues s'associent au rythme immuable des saisons.... Car les déplacements des cortèges royaux ou cardinalices sont longs et il faudra bien des jours à la litière de Mazarin, en mauvaise santé, et aux carrosses de sa suite, pour se rendre à l'île des Faisans, perdue dans la Bidassoa qui doit à une illustre rencontre : conclusion d'une paix entre la France et l'Espagne, d'être entrée dans l'histoire ; les lecteurs aquitains aimeront retrouver des noms familiers de localités traversées au cours de ces errances : Auch, L'Isle-Jourdain, Gimont, Vic-Fezensac, ainsi entrées dans le conte de fées du mariage royal : sommet de la politique mazarine.

Le grand roman écrit l'histoire comme si elle avait été romancée. Il nous fait vivre ce que nous aurions osé ni imaginer, ni su écrire : il se situe à plusieurs niveaux et les personnages en sont l'essentiel : Sylvio et Françoise la mercière, vivent sans être esclaves de leur condition, l'éternelle attirance qui pousse l'un vers l'autre les êtres jeunes. Mais le mariage de Louis XIV et de l'infante est un acte politique conclu, au contraire, sur un amour sacrifié dont il ne sera guère question, tant le Cardinal, maître après Dieu, a mis d'obstination à écarter sa nièce pour lier deux nations à travers deux êtres prisonniers de leur dignité et de leurs responsabilités. On retrouvera les rites qui obligent à un mariage par procuration à Fontarrabie, parce que l'Espagnole ne peut quitter son territoire natal que mariée. La solennité aura lieu à Saint-Jean-de-Luz... Entre les parure et les fastes, nous n'ignorons rien, pas même les problèmes financiers que le Cardinal, avec Colbert à Paris, suit de près...

On ferme à regret ce grand roman qui ne s'achève qu'à sa mort, quand la prépondérance française va succéder à la prépondérance espagnole et où tout s'est uni pour nous plaire. On aimera le prendre et le reprendre pour nourrir ses rêves."

 

Jean-Pierre RUDIN - Nice-Matin - 1994

"Le roman historique est une forme bien particulière de la littérature qui participe, comme son nom l'indique, du roman et de l'histoire.

Celle-ci, si l'ouvrage est réussi, peut bénéficier de l'apport de celui-là. Nous en avons une démonstration incontestable avec le dernier livre d'Alfred Hart qui éclaire d'un jour nouveau le début du règne de Louis XIV, encore sous la tutelle vigilante de Mazarin.

Alfred Hart a pris le parti de ne pas nous présenter directement le Cardinal, mais de nous le faire découvrir en filigrane derrière un récit nous brossant un tableau haut en couleurs de trois années du Royaume de France - de 1659 à 1661 - particulièrement riches en événements souvent mal connus. Le héros de son roman est le jeune Sylvio Socini. De famille turinoise, il est écuyer à la Cour du Duc de Savoie dont l'épouse n'est autre que la princesse Christine de France, soeur de Louis XIII. Leur fille Marguerite est promise au jeune Louis XIV. Les accordailles doivent être célébrées en France, entraînant le déplacement fastueux d'une grande partie de la Cour de Savoie. Sylvio est du voyage et nous le suivons dans son extraordinaire chevauchée de Turin à Chambéry, puis à Lyon où le Roi et le Cardinal viennent à la rencontre de la Princesse. Mais ni les fiançailles ni le mariage ne se feront.

Ce n'est qu'un leurre voulu par l'habile prélat, une sorte de piège qu'il tend au Roi d'Espagne, Philippe IV. La guerre entre la France et l'Espagne n'a que trop duré et il est vital de parvenir à unir Louis XIV et l'Infante Marie-Thérèse pour restaurer la paix entre les deux pays.

Arrivé à Lyon, Sylvio rêve de Paris. Sur la recommandation de son oncle, le chanoine Socini, il est détaché à la Maison militaire du Cardinal. Il le suivra désormais partout et c'est à travers ses yeux que nous découvrons peu à peu les facettes d'une des personnalités les plus marquantes du XVIIe siècle.

De Paris, il l'accompagnera jusqu'à la frontière espagnole, où sera signé le traité des Pyrénées, et l'escortera lors de son retour.

Document très soigneusement élaboré.

"L'alcôve du Cardinal", publié chez Calman Lévy, est plus encore, peut-être l'histoire de l'amour du séduisant écuyer et de la jeune et jolie Françoise, fille de son logeur, riche drapier du Pont au change. Leur passion survit aux séparations imposées par les missions qu'assume Sylvio auprès du Cardinal-ministre. Le récit des différents voyages qu'ils accomplissent ensemble nous fait découvrir combien sa santé est précaire.

C'est ainsi qu'il est atteint de "goutte aux deux pieds, aux deux genoux, à un coude et au poignet droit" ! Il continue cependant à diriger avec une volonté farouche les affaires de la France.

Après le mariage royal, couronnement de sa ruse stratégique, il rentre définitivement à Paris où il meurt le 6 mars 1661, à 58 ans. Sylvio emmène alors Françoise dans son Piémont bien-aimé et l'épouse en septembre 1661 : "Trois ans plus tôt, presque jour pour jour, il caracolait aux portières de la Princesse Marguerite".

En toile de fond de ce beau livre, qui dépeint avec un étonnant luxe de détails la vie de l'aristocratie et de la riche bourgeoisie, nous voyons passer, en une sorte de théâtre d'ombres, des personnages bien réels : Isaac Renaudot, qui succéda à son père Théophraste à la Gazette, Bossuet, Molière, Jean-Baptiste Colbert, l'émouvante Marie Mancini et bien d'autres qui nous fascinent et ajoutent au plaisir de notre lecture.

Un petit reproche cependant : pourquoi avoir pris dans le titre du roman le mot alcôve dans l'un de ses sens premiers ? Son acception actuelle, toujours à connotation galante, voire coquine, pourrait détourner certains lecteurs peu portés sur la littérature libertine. Et ce serait vraiment bien dommage ! "

 

Fête de l'Identité Niçoise

Nice, le 22 septembre 2003

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes aujourd'hui, chers Concitoyens, devant le Monastère de Saint Pons, pour annoncer la Fête de l'Identité Niçoise, en souvenir de l'acte de dédition qui fut signé le 28 septembre 1388 entre les Syndics représentant la population niçoise et le Comté de Savoie dit le Comté Rouge.

Pour magnifier cette fête, qui aura lieu maintenant chaque 28 septembre, Sian d'Aqui a décidé de faire planter un orme pour rappeler celui qui ornait le parvis et qui fut en 1793, noble vieillard, abattu, disons, par les responsables qui, au moment de la Révolution Française, emportés par leur enthousiasme, détruisaient tout ce qui ne paraissait pas être conforme à leurs nouveaux idéaux.

Je dois vous dire le comment et le pourquoi, ce jour-là, par un acte officiel souverain, la population niçoise faisait signer par ses Syndics l'Acte de Dédition qui allait la lier au Comté de Savoie. Pendant près de cinq siècles, tout en conservant son identité, ses représentants, son Sénat, sa langue, la devenue "Comtée Niçoise", s'est placée sous la protection du Comte de Savoie, dit le Comte Rouge (à cause de ses habitudes vestimentaires et non sa cruauté). Le Comte régentait alors le Comté de Savoie qui deviendra le Duché du Piémont, puis le Royaume de Sicile. Nice deviendra enfin un des états du devenu Royaume de Sardaigne, mais jamais du Royaume d'Italie.

Nice s'intègre ensuite à la France par le rattachement de 1860.

Il conviendrait, je pense, que maintenant je vous explique, en l'opposant à l'annexion, ce qu'a été réellement cet acte signé en 1388, le 28 septembre, et qui a été suivi en 1960 du rattachement (lui aussi librement voulu par la population) au deuxième Empire français sous Napoléon III.

Avant de vous expliquer ce qu'a été la Dédition de 1388, je pense utile de vous rappeler pourquoi elle a eu lieu et quelle était alors la situation de ce qui deviendra le Comté de Nice, qui faisait alors partie intégrante du Comté de Provence, lui-même rattaché à l'Empire romain, germanique, dont il était plus ou moins, il faut le dire, comme indépendant. Mais à cette époque, la Provence ne faisait nullement partie du Royaume de France.

La Provence rejoindra la France sous Louis XI et plus officiellement sous Charles VIII par les lettres patentes signées plus tard en 1488, donc un an après la Dédition Niçoise.

Pourquoi cette dédition et non annexion, comme on le dit souvent à tort, et ce également pour le rattachement de Nice à la France en 1860 ?

A ce sujet, je tiens à vous signaler combien j'ai été décontenancé, Samedi, il y a quinze jours, de lire à Beaulieu le mot d'annexion sur une plaque qui veut magnifier le rattachement de 1860. La plaque est située à côté de la place face à l'église, place qui s'ouvre du reste magnifiquement sur notre "grande bleue".

Il y aurait aussi, m'a-t-on dit, à Cannes, une rue dite de l'Annexion. Il est vrai qu'à l'époque, Cannes était provençale. L'arrondissement de Grasse, dont cette ville faisait partie, n'a été rattaché aux Alpes-Maritimes qu'après le rattachement de1860.

Quelle était donc la situation à Nice en 1388 pour justifier cette séparation avec la Provence ? Elle était tragique, intenable, laissée à l'abandon par l'autorité provençale, sans cesse tenaillée par la famine, assaillie sans cesse par des incursions armées, des brigandages provenant principalement des pirates, principalement barbaresques qui infectaient la Côte. Malgré les appels réitérés, aucun secours ne franchissait le Var qui était alors, comme toujours, notre frontière linguistique : celle du niçois face au provençal.

Il y avait eu en Provence des rivalités, pour ne pas dire des absences de pouvoir, avec le règne de Jeanne de Naples, ses trois maris, ses choix successifs d'héritiers qui, eux, rivalisaient plus que jamais avec la famille des "Anjou" du Royaume de Naples.

Cela avait été aussi égal pour la Région de Forcalquier qui, la première, se plaça sous la protection du Comte Rouge, également en septembre 1388, quelques jours avant Nice.

Et c'est ainsi que par la volonté populaire, la Comtéa de Nice se forma en se séparant de la Provence et se plaça, grâce à la Dédition du 28 septembre 1388, sous l'autorité du Comte de Savoie et du Piémont. Nice conserva alors ses édiles, élus par le peuple, possédant son Sénat, son Université. Elle conserva sa langue. Le Piémontais ne fut jamais imposé comme langue officielle, pas plus que la langue de Dante. Le Français y était aussi parlé, certainement non par le peuple, mais par les milieux les plus évolués et même bien cultivés.

Je pense donc que, maintenant, il est temps que je vous explique ce qu'a été et ce que représente ce terme de dédition et quel est son contenu, telle qu'elle fut signée ici-même ce 28 septembre 1388, cette dédition, mot méconnu par la plupart des français et même de par certains niçois.

En effet, les termes de dédition et d'annexion s'opposent complètement. Je remarque toutefois que le terme de "dédition" n'existe pas en français et ne figure même pas dans le Larousse, cependant extrêmement complet, de 1865, édité en 15 volumes, pas plus que dans le Larousse encyclopédique en 10 volumes de 1964.

L'annexion est en effet un acte délibéré pour un État de se saisir sans droit et seulement par la force d'un territoire, alors que la dédition est un acte réfléchi par les autorités légales d'un territoire, dûment rédigé et accepté librement par sa population afin de se placer sous la protection d'un autre État, en l'occurrence pour Nice de l'État alors Savoyard, afin d'en faire partie intégrante.

Cela fut consigné dans un acte aux très nombreux articles qui fut signé sous un vieil orme, ici-même, devant l'Abbaye de Saint Pons, le 28 septembre 1388, le lendemain de l'arrivée à Nice du Comte Amédée VII, dit le Comte Rouge et par le Comte lui-même alors Vicaire impérial et les 4 syndics niçois représentant la population de ce qui devenait alors la Comtéa de Nice ainsi séparée définitivement de la Provence, et ce par la volonté populaire. Le préambule de cet acte stipule clairement les motifs de cette dédition dans les termes suivants que je vais vous rappeler :

"La communauté et les hommes de la cité de Nice, considérant l'oppression, les dommages, les torts, les injures, les brigandages, les rapines, les offenses, les dégâts dont il ont souffert et dont les menace encore l'illustre seigneur Louis, Duc D'Anjou, qui se prétend Roi de Jérusalem et de Sicile, Comte de Provence et de Forcalquier, considérant que la famine et la disette sont déjà pénétrées dans la cité de Nice et qu'elles s'aggravent journellement par suite de guerre et de la puissance de leurs ennemis mais constatent qu'ils ne peuvent obtenir le secours du sérénissime Prince Ladislas, lui Roi de Jérusalem et de Sicile et seigneur naturel de leur Comtéa, à cause de son impuissance, de la supériorité de ses ennemis qui ont déjà réduit par la force la plus grande partie des dits comtés de Provence et Forcalquier et les ont soumis à leur domination, estiment qu'il est désormais impossible de subsister sans implorer le secours d'un autre Seigneur.

C'est pourquoi après de multiples colloques et délibérations, les représentants du peuple niçois ont choisi de recourir au Seigneur Amédée, Comte de Savoie, Vicaire général du Saint Empire pour se placer sous sa protection sous laquelle se trouve déjà le susdit Comté de Forcalquier".

L'article 31 de cet acte de dédition donnait cependant au Roi de Sicile Ladislas, héritier légal de la Comtée de Provence, un délai de trois ans pour pouvoir reprendre la souveraineté de la nouvelle Comtéa de Nice, mais à condition qu'il rembourse au Comte de Savoie la somme de 164 000 florins d'or qu'il lui restait devoir pour payer et rembourser les frais avancés lors de l'expédition de Naples de 1382 par le Comte de Savoie Amédée VI dit le Comte Vert, le père du Comte actuel, qui avait du reste perdu la vie en se portant au secours du Duc D'Anjou devenu Roi de Sicile.

Et c'est ainsi que cette somme n'ayant pas été réglée comme convenu, le 12 novembre 1391, les syndics de Nice représentant la population de ce qui était devenu alors la Comtéa de Nice, prêtèrent le serment solennel de fidélité aux représentants du Comté de Savoie dans la cathédrale de la Ville de Nice "Sainte Marie" édifiée sur la colline de ce qui était alors le Château et la forteresse de la ville.

Mais le Comte étant décédé le 2 novembre dans son Château de Ripaille, un nouvel hommage a dû être rendu, cette fois-ci au nom de son successeur Amédée VIII et cette fois-ci au Château de Nice lui-même quelque jours après. L'acte définitif fut ratifié par la Régente Anne de Bourbon par lettres patentes du 14 mai 1392.

Voilà, Mesdames et Messieurs, chers Niçois, ce que, comme écrivain et historien très attaché à notre Comtée, j'avais à vous dire, peut-être un peu longuement, je m'en excuse.

C'est pour cela que Nice commémorera maintenant chaque année, expliquée, démontrée et défendue, son identité, son parler nissart, ses coutumes, l'amour de la famille, la beauté unique de ses montagnes, de ses collines, de sa grande bleue, et aussi, ne l'oublions pas, de sa merveilleuse et authentique cuisine, en un mot ce qui est et demeure la NISSARTITUDE.

Alfred HART

 

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